Ambiance de fête pour célébrer le « Jour de la Victoire » en Crimée. Après l’hymne national russe, la sonnerie aux morts et quelques musiques militaires, les festivités ont pu commencer, constate notre envoyée spéciale sur place, Murielle Pomponne.
Il y a pourtant un ciel gris et menaçant à Sébastopol mais cela n’a pas empêché les Criméens de venir très nombreux pour assister à ce défilé. Ils sont arrivés plusieurs heures avant le début des festivités devant le port et le long des avenues avec des drapeaux russes, des drapeaux de l’armée rouge, des ballons, des fleurs, tous les symboles patriotiques. Il y a aussi beaucoup de militaires, des anciens combattants en uniforme avec leurs médailles.
Poutine sur place
Bien sûr, tout le monde attendait le président Vladimir Poutine pour la parade navale et aérienne de ce vendredi après-midi. Une venue qui s'est finalement concrétisée en milieu de journée.
« Oui on est fier, s’exclamait une Criméenne peu avant l'arrivée du chef de l'Etat russe. C’est un patriote. C’est le président. Il est né à l’époque de l’Union soviétique. […] A l’époque, on n’était pas divisé comme maintenant : les Tatars, les Ukrainiens, les Russes, c’était une victoire de l’Union soviétique. Nos grands-parents se sont battus et plus rien ne devrait nous diviser. »
Vladimir Poutine, flanqué du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, a passé en revue, à bord d’une vedette, les navires ancrés dans ce port historique de la flotte russe en mer Noire. Il a congratulé, à l’aide d’un porte-voix, les équipages au garde-à-vous en uniforme d’apparat, selon les images de la télévision russe.
Devant des milliers d’habitants de Sébastopol, le président russe a expliqué que le retour de la Crimée à la Russie rétablissait « la vérité historique ». « L'année 2014 va rester dans les annales comme l'année qui a vu les peuples qui vivent ici décider avec fermeté d'être avec la Russie, confirmant leur fidélité à la vérité historique et à la mémoire de nos ancêtres », a déclaré Vladimir Poutine.
Sa visite est la première en Crimée depuis le rattachement de la presqu’île à la Russie. Et l’initiative, déjà évoquée par les médias russes dans la semaine, n’a pas plu à la chancelière allemande Angela Merkel, qui a regretté la venue du chef du Kremlin dans un contexte si tendu. Tout comme Kiev qui dénonce une « violation flagrante de la souveraineté ukrainienne ». La Maison Blanche a également critiqué la visite de Vladimir Poutine, affirmant que le seul résultat de cette venue serait d' « exacerber les tensions ».
Dans l'est de l'Ukraine, un 9-Mai politisé
Ce vendredi matin, des cérémonies sont aussi organisées dans plusieurs points de la ville de Donestsk, dans l'Est ukrainien en présence de vétérans de la Seconde Guerre mondiale, rapporte notre envoyé spécial dans la ville, Daniel Vallot. Et selon le rituel en cours tous les ans à la même date, les habitants de Donetsk partagent avec ces vétérans une ration militaire symbolique, à savoir un morceau de pain et un verre de vodka.
Mais il y aura aussi une mobilisation des militants pro-russes, mais plus tard dans la journée, car ici à Donetsk, cette journée du 9 mai prend une résonance particulière. Cette année, les pro-Russes les plus radicaux estiment en effet que derrière la révolution de Maïdan à Kiev se cache un projet fasciste, une sorte de « revanche de l’Allemagne nazie sur la victoire soviétique de 1945 ». Ce sont les termes employés ici quotidiennement par ces militants. Cette journée du 9 mai sera donc vécue ici comme un rappel à l’ordre historique et aussi comme une démonstration de force pour le camp pro-russe.
Les séparatistes ont décidé hier de maintenir la date du référendum du 11 mai malgré l’appel de Vladimir Poutine pour un report du vote. Une décision saluée par ces militants pro-russes mais qui inquiètent dans le même temps ici. Il y en a même, s’ils sont devenus inaudibles, qui rejettent l’idée séparatiste et qui craignent que les résultats de ce « pseudo référendum », comme ils disent, ne soient joués d’avance.
Violences à Marioupol
Ces commémorations interviennent alors que la tension est toujours vive dans l’Est ukrainien. Vingt militants pro-russes et un policier ont été tués et 5 autres policiers ont été blessés dans des affrontements dans la ville portuaire de Marioupol, a annoncé le ministre de l'Intérieur. Par ailleurs, 4 insurgés ont été capturés. « Une bonne partie des assaillants se sont volatilisés dans la ville en abandonnant leurs armes (...) Le bâtiment (de la police locale) est en flammes », a précisé le ministre.
■ ZOOM : les grandes villes d'Ukraine se passent de festivités
Cette année, les traditionnelles parades militaires n'auront pas lieu dans les grandes villes d'Ukraine. Hors de question de célébrer la victoire de la Russie dans la grande guerre patriotique. Ici et là, quelques commémorations informelles initiées par la population auront bien lieu mais rien d'officiel.