Avec notre envoyée spéciale à Sébastopol, Muriel Pomponne
Andrei a 19 ans, il vit à Sébastopol. Lui et sa mère ont été très contents quand la conscription a été supprimé en Ukraine. Alors maintenant, c’est la déconvenue, comme le raconte la mère d’Andrei : « On vient de se rendre compte qu’il allait devoir partir à l’armée ! Je suis bouleversée ! Il m’a dit : "s'il le faut vraiment, je vais y aller mais ce ne me plaît pas du tout" ».
D’autant qu'Andrei vient de finir sa formation et a des projets d’avenir : « Il est cuisinier, il a une très bonne place comme chef de cuisine à Sébastopol, et il va se marier le 20 juin prochain. » Sa mère est chamboulée : « Ca bouscule tous ses projets. Et puis, mon fils est pacifique, il n’a pas du tout l’esprit militaire. Il veut fonder une famille, il a un travail. Et aller à l’armée, spécialement une armée qui envahit d’autres pays, je ne veux pas ça pour mon fils ! »
Alors, pourquoi ne pas rester ukrainien avec un permis de séjour pour pouvoir habiter en Crimée, et ainsi échapper au service militaire ? Sa mère hésite : « Il n’a rien contre la Russie, sa copine non plus, mais c’est un choix difficile. Soit on restera et on deviendra russe, soit on partira. Ce sera trop compliqué de rester ici avec la citoyenneté ukrainienne. » Un dilemme auquel sont confrontés tous les jeunes gens de Crimée désormais.