Le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé lundi après-midi une nouvelle réunion à huis clos, la cinquième en dix jours, sur la crise ukrainienne. Objectif : donner au représentant de l’Ukraine l’occasion d’exprimer son inquiétude à propos du référendum convoqué dimanche prochain par le Parlement pro-russe de Crimée pour décider d’un rattachement éventuel de la Crimée à la Russie.
Le Premier ministre de la république autonome de Crimée, Sergueï Axionov, a annoncé ce lundi être en train de préparer l’entrée de la péninsule dans la zone rouble. Les nouvelles autorités de Kiev l’ont accusé de chercher à « déstabiliser ».
Moscou a lancé ce lundi une contre-offensive diplomatique. Le chef de la diplomatie russe a annoncé que Moscou doit présenter ses propositions aux Occidentaux pour « ramener la situation dans le cadre du droit international ». Sergueï Lavrov n’a pas détaillé les propositions de Moscou pour régler la crise en Ukraine. Jusque-là, la Russie a refusé de reconnaître toute légitimité aux nouveaux dirigeants pro-occidentaux de Kiev.
Washington évoque une rencontre des chefs de la diplomatie russe et américaine
Les Etats-Unis ont évoqué ce lundi la possibilité d’une rencontre dans les prochains jours entre les chefs de la diplomatie russe et américaine au sujet de l’Ukraine. Toutefois, Washington veut d’abord voir des « preuves concrètes » que la Russie est disposée à s’engager sur les propositions de la diplomatie américaine.
Selon un communiqué du département d’Etat américain, Washington attend une réponse de Moscou aux questions concrètes que le secrétaire d’Etat John Kerry a adressées au ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.
La lettre de John Kerry à son homologue Lavrov contient plusieurs conditions pour cette désescalade : la présence d’observateurs de l’OSCE sur le terrain et mise en place d’un groupe de contact pour l’organisation d’un dialogue direct.
Stratégie américaine : ne pas rompre avec Moscou
La stratégie de la diplomatie américaine semble être de ne pas rompre complètement avec Moscou.
« Nous avons des discussions quotidiennes, et manifestement les Russes continuent d’être engagés dans ce dialogue, mais nous attendons des réponses aux propositions que nous avons envoyées », a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d’Etat.
Le Congrès américain, de son côté, n’est pas très optimiste. Certains élus pressent l’administration d’envisager la crise ukrainienne sur le long terme, en mettant en place les mécanismes qui permettraient aux Etats-Unis d’exporter du gaz vers l’Europe, l’énergie étant le principal moyen de pression de la Russie.
Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, est attendu dans la semaine à Washington pour rencontrer le président américain Barack Obama.
Pour sa part, Viktor Ianoukovitch, le président déchu, doit tenir à nouveau une conférence de presse ce mardi à Rostov-sur-le-Don, en Russie.
L’Otan a annoncé ce lundi l’envoi d’avions radars Awacs afin d’effectuer des missions de reconnaissance au-dessus de la Pologne et de la Roumanie, pays voisins de l’Ukraine. L’Otan a toutefois insisté qu’elle ne se préparait pas à jouer un rôle opérationnel dans cette crise.
L'Union européenne se déclare préoccupée
L'Union européenne a exprimé ce lundi son inquiétude. « Nous sommes préoccupés par l'absence de signes de désescalade sur le terrain. Au contraire, il semble qu'il y ait des signes d'un renforcement militaire de la position russe en Crimée et d'un isolement croissant de la péninsule à l’égard du reste du pays », a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de la chef de la diplomate de l'Union européenne Catherine Ashton.
« Les dirigeants européens étaient très clairs lors du sommet extraordinaire de la semaine dernière : s’il n’y pas de négociations et s’il n’y pas de signes de désescalade, l’Union européenne pourrait prendre des sanctions de plus en plus dures. Mais nous continuons à penser qu'une solution à la crise doit être trouvée par le dialogue entre l'Ukraine et la Russie. Et ce dialogue doit s’effectuer en respectant le droit international ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a ajouté la porte-parole de Catherine Ashton.
L’UE accélère la signature d’un accord d’association avec Kiev
Les diplomates de l'Union accélèrent les préparatifs pour la signature d'un accord d'association avec Kiev. Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andri Dechtchitsia, le volet politique de cet accord pourrait être signé le 21 mars, c'est à dire 5 jours après le référendum organisé en Crimée sur le rattachement de cette région autonome à la Russie.
Confrontées à la menace d'une division de leur pays, les nouvelles autorités ukrainiennes veulent se rapprocher aussi vite que possible de l'Union européenne. Le gouvernement de Kiev veut donc accélérer le calendrier et annonce la signature partielle de l'accord d'association dans une dizaine de jours. Ce que l'Union européenne ne veut pas encore confirmer.
Selon Maja Kocijancic, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne : « Aucune date n'a été fixée pour la signature du volet politique de l'accord d'association. Mais l’Union européenne y tient. Par cet accord, nous exprimons notre soutien au nouveau gouvernement qui s’efforce de calmer la situation. L’Union européenne a promis la signature de l’accord avant l'élection présidentielle prévue le 25 mai en Ukraine. Donc je pense que la date sera fixée dans les plus brefs délais ».
Le volet politique prévoit entre autres le respect des valeurs démocratiques, tel les droits de l'homme ou la bonne gouvernance. Cet accord qui comporte également un volet économique a été négocié pendant cinq ans. Le président déchu Victor Ianoukovitch avait refusé sa signature, ce qui a déclenché le mouvement de contestation.
La Banque mondiale a indiqué ce soir être prête à apporter cette année « jusqu'à 3 milliards de dollars » d'aide à Kiev, qui est en proie à de graves difficultés financières. La Banque mondiale n'a pas encore précisé les modalités de cette aide.