Ukraine: Poutine défend le référendum en Crimée

Le téléphone a fonctionné ce dimanche entre Moscou et Londres et Moscou et Berlin. Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron. Il a défendu le référendum prévu le 16 mars en Crimée, tout en affirmant « vouloir trouver une solution diplomatique à la crise » en Ukraine.

Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

Pour Vladimir Poutine, les autorités pro-russes de Crimée, sont « légitimes ». Il l’a dit à David Cameron et à Angela Merkel. Pour Moscou, « les mesures prises par les autorités actuelles de Crimée sont basées sur les normes du droit international et visent à protéger les intérêts légitimes de la population de la péninsule ». 

« Pas d’accord », a répondu la chancelière allemande, qui est sans doute le dirigeant européen qui a la plus grande capacité de dialogue avec Vladimir Poutine. Elle a fait valoir avec force la position de Berlin, affirmant que le référendum en question est « illégal, contraire à la Constitution ukrainienne et au droit international ».

Le Premier ministre britannique, pour sa part, a exhorté le président russe à soutenir la formation d'un groupe de contact qui pourrait conduire à des discussions directes entre les gouvernements russe et ukrainien.

D’après le communiqué du Kremlin, Vladimir Poutine a attiré l'attention de ses interlocuteurs sur l'absence de toute action des autorités actuelles à Kiev pour limiter les activités des forces radicales.

Mais il souligne également qu'en dépit des différences d'approche de la situation, les interlocuteurs ont exprimé un intérêt commun dans la désescalade des tensions et la normalisation aussi vite que possible de la situation.


Kiev en train de perdre la main dans l'est du pays

Avec notre envoyé spécial à Lougansk, Jean-Arnaud Dérens

Le drapeau russe flotte sur la façade de l’administration régionale de Lougansk, un grand centre industriel de l’est de l’Ukraine, à une trentaine de kilomètres de la frontière russe. Les manifestants, rassemblés dans le centre de la ville l’ont investi sans rencontrer de résistance.

Vers 16 heures, d’importantes colonnes de policiers anti-émeutes, lourdement équipés, ont évacué le bâtiment, sous les applaudissements des manifestants. Certains policiers semblaient même afficher des sourires de connivence avec ceux qui venaient d’investir ce symbole du pouvoir public.

Dans la foule, il y a beaucoup de curieux, des personnes âgées, des chômeurs, mais aussi de jeunes hommes qui appartiennent à la « Garde de Lougansk » nouvellement formée. Les habitants de la ville affirment que beaucoup de jeunes « touristes » seraient venus de la Russie voisine.

Sous une tente dressée en face de l’administration, on collecte les signatures pour l’organisation d’un référendum sur la fédéralisation de l’Ukraine – et un nouveau nom est déjà proposé pour la région industrielle du Donbass : Nova Rosia, la Nouvelle Russie.

À côté de la bannière tricolore de la Russie, flotte aussi un drapeau de la Transnistrie, cette petite région russophone qui a fait sécession de la Moldavie lors de l’éclatement de l’URSS.

Le gouverneur de la région, nommé il y a quelques jours par le nouveau gouvernement, a présenté sa démission. Cette inquiétante vacance du pouvoir montre bien que Kiev est en train de perdre la main dans l’est du pays.

Lire les reportages de nos envoyés spéciaux dans les manifestations ce dimanche : Journée de manifestations en Crimée 

 

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