Le boom énergétique américain a permis l'an dernier aux Etats-Unis de ravir à la Russie son titre de premier producteur mondial de gaz naturel, et le gouvernement américain, à la lumière de la crise ukrainienne, envisagerait aujourd’hui, à son tour d'utiliser son gaz, comme une arme.
Plusieurs hauts responsables ont exhorté Barack Obama à accélérer l'examen de demandes d'exportations de gaz naturel liquéfié. « Le moment est venu, s'est exclamé le président - républicain - de la Chambre des représentants, de signaler à nos alliés que le gaz américain sera une solution de rechange, une alternative ! » Des alliés européens - Allemands, Italiens et Anglais notamment - aujourd'hui bien trop dépendants du gaz et du marché russe pour oser hausser le ton, selon certains.
Le gaz américain ? Une alternative ? Oui, mais quand ? Pour l'instant, à part faire les gros yeux, les Etats-Unis ne peuvent pas concrètement faire grand-chose. Depuis 2011, le département américain de l'Energie n'a accordé que quelques rares licences d'exportation de gaz naturel liquéfié. Mais les premiers mètres cubes ne quitteront la Louisiane ou le Texas qu'en 2016, au plus tôt. C'est sans compter aussi : d'une part, les réticences des défenseurs de l'environnement, qui voient d'un mauvais œil une augmentation des exportations, donc de la production ; et d'autre part le prix élevé auquel le gaz américain devrait être vendu et acheté, logiquement en priorité par le plus offrant. C’est la loi du marché.
L’alternative américaine n'est donc pas pour demain, et la Russie le sait bien. L'an dernier le géant gazier russe Gazprom a livré 133 milliards de mètres cubes de gaz à l'Union européenne, un volume sans précédent, dont le tiers a transité par l'Ukraine. En somme, lorsque Gazprom ferme les vannes c'est toute l'Europe qui s'en ressent, jusqu'au jour où les Européens sauront s'approvisionner autrement.