Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
Il a abandonné l'uniforme militaire et le gilet pare-balles. Quand Dmytro Yarosh se présente à la première conférence de presse en tant que candidat à la présidence ukrainienne, c'est en costume-cravate, visiblement mal à l'aise, mais toujours accompagné de plusieurs gardes du corps.
Il est le leader de Praviy Sektor, « Secteur droit » en ukrainien, un groupe paramilitaire qui s'est distingué sur les barricades de la place de l'Indépendance. A 42 ans, Dmytro Yarosh est considéré comme l’un des héros de la révolution. Ses ramifications avec des groupes d'extrême-droite violents dérangent, mais il a aujourd'hui mis de l'eau dans son vin. « Nous sommes contre la xénophobie, nous sommes contre l'antisémitisme, avance-t-il. Et la meilleure preuve, ce sont les actions de Praviy Sektor, et le fait que nos militants sont de toutes nationalités ».
Pour l'accord d'association avec l'UE
Dmytro Yarosh s'était fait connaître pour ses appels à une « révolution nationaliste », qui rendrait l'Ukraine aux Ukrainiens. Mais il soutient désormais la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne. Et à l'heure d'une possible guerre contre la Fédération de Russie, il se targue d'une ouverture généreuse. « L'Union européenne doit être ouverte, non seulement à l'Ukraine, mais aussi à la Russie, poursuit Dmytro Yarosh. Les Russes sont une nation européenne, et ils ont le droit à un futur normal, au lieu d'être les otages des ambitions impériales de leur gouvernement ».
Sa candidature fait déjà beaucoup de bruit. Mais elle pourrait rester du domaine du symbole, car l'électorat ukrainien n'associe guère organisation paramilitaire et parti politique. Il est crédité d'environ 3% des intentions de vote.