Les relations diplomatiques entre la Russie et l'Ukraine se tendent d'heure en heure. Hier, le président Vladimir Poutine annonçait une inspection des troupes stationnées près de la frontière ukrainienne pour vérifier leur aptitude aux combats. Ce jeudi matin, l'aviation russe a été placée en état d'alerte à la frontière occidentale de la Fédération. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur russe à Kiev et demande des consultations immédiates à Moscou.
Pourtant, estime un expert militaire, le risque d’une intervention russe en Ukraine est assez faible, car la Russie y perdrait plus qu’elle n’y gagnerait. Elle serait d’autant plus difficile à justifier que la Russie n’a subi aucune agression de la part de l’Ukraine.
En cas d’attaque russe, la flotte basée à Sébastopol, en Crimée, ne pourrait sans doute plus naviguer dans les eaux ukrainiennes et se retrouverait donc immobilisée. L’Ukraine pourrait également couper les gazoducs qui transitent par son territoire. le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov avait mis en garde la flotte russe en mer Noire contre toute « agression militaire ».
Et si la Crimée faisait sécession, ce serait une région que la Russie devrait porter à bout de bras, comme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, ces ex-provinces géorgiennes indépendantes par la grâce de la Russie.
Par ailleurs, Moscou s’est forgé une image de médiateur intransigeant, habile, mais qui sauvegarde la paix dans les dossiers syriens et iraniens. Surtout, la Russie est à la tête du G8 dont le prochain somme doit avoir lieu à Sotchi en juin. On imagine difficilement Poutine le sacrifier.
Mais la Russie veut faire pression sur l’Ukraine, montrer qu’elle est incontournable. Ses intentions de départ ont cependant été probablement dépassées par l’hystérie médiatique qui règne dans le pays autour de la situation en Ukraine. La plupart des Russes sont ainsi persuadés que les fascistes, voire les nazis, sont arrivés au pouvoir à Kiev. Ils sont persuadés que les Russophones d’Ukraine sont en danger, qu’il faut les protéger. Au point que dans le sud du pays, à l’initiative de groupes ultranationalistes, des milices s’organisent pour aller aider leurs frères d’Ukraine.