Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Comme pressenti, c’est Arseni Iatseniouk qui prendra la tête de ce gouvernement de transition. Ce banquier, ancien ministre des Finances, avait été l’un des trois principaux chefs de l’opposition politique pendant les trois mois de contestation à Kiev.
Iatseniouk, député du parti de Ioulia Timotchenko, s’était vu offrir ce poste par le président déchu Viktor Ianoukovitch le mois dernier, mais il l’avait décliné. C’est une tâche très délicate qui attend le nouveau chef du gouvernement. Les finances publiques sont à sec, le pays est au bord du défaut de paiement. Il va devoir prendre des mesures impopulaires.
A l’annonce de son nom, on a pu entendre des sifflets dans la foule de dizaines de milliers de personnes rassemblées au centre de la capitale. Les manifestants, dans la majorité, ne font plus confiance aux hommes politiques et demandent un changement complet du système. « Je comprends que certains soient déçus, explique un habitant de Kiev, enroulé dans un drapeau ukrainien. Mais il faut être réaliste, Iatseniouk a quand même de l’expérience et il sera reconnu sur la scène internationale, ce qui est important. »
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Le nouveau gouvernement compte d’anciens ministres, mais aussi des militants de Maïdan, comme Dmytro Boulatov ou Tetiana Tchornovol, la journaliste d’investigation qui avait été violemment battue par des inconnus en décembre dernier et qui sera chargée dans ce gouvernement de l’organe de lutte contre la corruption.
Les chefs des diplomaties hongroise, tchèque et slovaque seront dans la capitale ukrainienne ce jeudi « dans l'espoir de rencontrer le nouveau gouvernement ukrainien quand il sera formé ». Ils iront ensuite à Donetsk, une grande ville industrielle dans l'est du pays.
Par ailleurs, Viktor Ianoukovitch est toujours activement recherché. Le procureur général de transition a demandé « un mandat d'arrêt international » contre le président déchu, poursuivi pour « meurtres en masse » et qui serait toujours sur le territoire ukrainien.