Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
La situation est de plus en plus inconfortable pour le gouvernement de M. Erdogan. Dans la capitale Ankara, mais aussi à Izmir, Trabzon, Antalya et Eskisehir (entre autres), des milliers de manifestants étaient dans la rue ce mardi pour scander « Au voleur ! » et « Gouvernement, démission ! » A Istanbul, la répression a été violente et les affrontements ont duré tard dans la nuit. Il y a eu des passages à tabac, des blessés touchés par des tirs de la police, des interpellations nombreuses.
A un mois des élections municipales, le ras-le-bol et la colère populaires s’expriment donc à nouveau dans les rues de toute la Turquie, comme lors de la contestation de Gezi en juin 2013, et après la révélation du scandale politico-financier qui fait tant parler dans le pays depuis deux mois. Ce n’est probablement qu’un début. Les allégations visant directement le Premier ministre et son fils semblent être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Sur les réseaux sociaux aussi, critiques et dénonciations se déchainent En 24 heures, plus de 2 millions de personnes avaient d’ailleurs écouté sur Youtube l'enregistrement pirate de la discussion suspecte entre le Premier ministre et son fils Bilal, déjà visé par l’enquête du 17 décembre. Et, fait totalement nouveau, dans les taxis, les transports en commun et même parfois dans la rue, avec un simple haut-parleur, des citoyens lambda diffusent cette conversation téléphonique qui a fait l’effet d’une bombe.
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