Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Plus de 6 000 policiers, parfois hauts gradés, quelque 2 000 magistrats, juges et procureurs, ont déjà été relevés de leurs fonctions ou mutés sine die. Et maintenant, c’est au tour de nombreux gouverneurs de payer pour avoir participé aux enquêtes visant ministres, hauts fonctionnaires et hommes d’affaires proches du pouvoir, ou n’avoir pas réussi à les empêcher.
Depuis samedi soir, 14 gouverneurs ont soit changé de province d’affectation, soit été rappelés à la capitale et affectés à d’autres responsabilités. Une première vague de changements de poste, bien plus limitée en nombre, avait déjà eu lieu début janvier. Elle visait notamment le gouverneur d’Istanbul, où s’étaient déroulées la plupart des perquisitions, écoutes ou arrestations dans ces trois affaires qui empoisonnent la vie du gouvernement depuis deux mois.
Cette fois, c’est un peu dans tout le pays que les gouverneurs ont dû quitter leurs fonctions, sans explication apparente. Mais le Premier ministre continue de promettre de faire le ménage et même de poursuivre tous ceux qui font partie du complot mené contre lui au travers des accusations de corruption.
Seulement, les nombreux fonctionnaires ainsi mis à pied ou brutalement envoyés à de nouvelles fonctions ont promis de porter plainte contre ces accusations et des changements d’affectation abusifs. Autrement dit, la chasse aux sorcières risque d’envenimer encore un peu plus la situation politique, déjà délétère, en Turquie.
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