Corruption: le Premier ministre turc piégé par un enregistrement audio?

Plus de 7 000 responsables turcs, dont Recep Tayyip Erdogan lui-même, mais aussi des opposants et des journalistes, sont concernés par des écoutes téléphoniques rendues publiques par les médias. Une nouvelle étape dans la crise politique qui ne cesse de s’approfondir en Turquie, depuis l’ouverture en décembre de plusieurs enquêtes pour corruption visant des ministres - dont quatre ont démissionné - ainsi que des proches du gouvernement. Le Premier ministre dénonce une nouvelle fois un complot de la confrérie islamiste Gülen, autrefois son alliée. L’opposition réclame sa démission.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Dans une bien moindre mesure, à chaque campagne électorale, c'est un peu la même « guéguerre » des cassettes audio ou vidéo pirates. Les prétendus scandales révélés par des enregistrements illégaux sont censés donner l’avantage à l’adversaire. Mais cette fois-ci, les fuites au sujet d’écoutes téléphoniques et autres formes d’espionnage risquent de causer beaucoup plus de dégâts. Pour preuve, même si ce n’est pas la première fois qu’il est concerné, le Premier ministre a pour la première fois démenti la nature des conversations avec son fils qui lui sont attribuées, où il lui conseillerait de « cacher l’argent », un échange téléphonique qui remonterait au 17 décembre, jour où a éclaté le scandale politico-financier qui a plongé le pays dans sa crise la plus profonde depuis une bonne décennie.

Le parti d’opposition social-démocrate CHP estime, sur la base de ces enregistrements qu’il juge « crédibles », que le chef du gouvernement a cette fois perdu toute légitimité et doit abandonner le pouvoir. Ces affaires, aux révélations quotidiennes, empoisonnent de plus en plus la vie politique turque. Il semble de plus en plus difficile, pour le pouvoir en place, au-delà des accusations qui visent directement certains de ses responsables, de justifier la thèse de « l’Etat parallèle » - selon les termes de M. Erdogan - cherchant à lui nuire, alors que ses propres services de renseignement n’auraient vu venir aucune machination depuis 12 ans que le Parti de la justice et du développement (AKP) dirige la Turquie.

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