Les évènements de la journée dernière et les 25 victimes officielles des affrontements suscitent des réactions dans de nombreuses capitales.
Inquiétude en Russie
Du côté oriental, la Russie dénonce une « tentative de coup d'Etat » en Ukraine et déclare « exiger » des leaders de l'opposition dans ce pays qu'ils fassent cesser les violences. L'inquiétude du grand voisin russe est perceptible dans les médias comme le rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Si la télévision publique est assez univoque, mettant en avant la violence des manifestants contre les forces de l’ordre, la presse écrite est plus nuancée, mais reflète la crainte d'une guerre civile en Ukraine.
Pour Kommerçant, l’Ukraine n’a jamais été aussi proche d’un conflit intérieur. Et le journal titre : « La nuit la plus sanglante depuis la chute de l’URSS ». La plupart des journaux restent sur du factuel, mais la nuance se sent dans le vocabulaire utilisé à l’égard des manifestants, activistes pour les uns, radicaux pour les autres. Un éditorialiste écrit qu’il est urgent de rétablir UN pouvoir en Ukraine, quel qu’il soit. Et il en appelle à l’ONU avant une « yougoslavisation » de l’Ukraine. Cette expression est reprise par plusieurs médias.
Plusieurs éditorialistes estiment que l'amnistie a été comprise comme un signe de faiblesse du pouvoir ukrainien, que les radicaux ont voulu exploiter. Un point de vue proche est exprimé par le porte-parole du Kremlin dans le journal officiel Rossiskaia Gazeta : la Russie considère qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat, selon Dmitry Peskov, et Moscou exige que l’opposition stoppe la violence et reprenne le dialogue avec le pouvoir en place. Gazeta.ru confirme que Poutine a eu une conversation la nuit dernière avec Viktor Iaanoukovitch. Officiellement, Poutine aurait déclaré que le règlement de la crise était du ressort des Ukrainiens et d’eux seuls.
Mobilisation du côté européen
Demain jeudi se tiendra une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne. Une annonce faite par Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne.
L'Union européenne va étudier des sanctions contre les responsables de la répression en Ukraine, a annoncé mercredi Catherine Ashton. La représentante de la diplomatie européenne a convoqué mercredi matin une réunion des ambassadeurs de l'UE chargés des questions de sécurité, au cours de laquelle « toutes les options seront étudiées, y compris des sanctions contre les responsables de la répression et des violations des droits de l'homme », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
La question des sanctions posée
Plusieurs pays se sont prononcés en faveur d'une prise de sanctions à l'encontre du pays et de ses dirigeants. A commencer par les Etats limitrophes, comme la Pologne. Son Premier ministre, Donald Tusk va appeler l'UE à imposer des sanctions contre le gouvernement après les violences de la nuit dernière à Kiev. Le Premier ministre polonais qui a eu ce matin un contact avec le président français a fait savoir l'Elysée.
Maintenant pour tenter d’arracher une position commune de l’Europe on pense plutôt non pas à des sanctions économiques globales, mais plutôt à des mesures individuelles : gel des avoirs, suppression des visas…
C'est la position de la France qui considère que des sanctions individuelles doivent être examinées. François Hollande a demandé à l'Union européenne la mise en oeuvre dès jeudi de sanctions « ciblées » contre les responsables des violences policières en Ukraine, a annoncé mercredi l'Elysée dans un communiqué. « Il a demandé à l'Union européenne d'engager très rapidement les décisions permettant la mise en oeuvre de ces sanctions lors de la réunion du Conseil Affaires étrangères le 20 février. »
« Les gens qui sont responsables de ça ne peuvent pas rester impunis. Nous allons examiner avec les Allemands ce que nous souhaitons faire et la perspective de sanctions. Il faut le plus vite possible que la situation redevienne plus apaisée et que les uns et les autres arrivent au dialogue » a déclaré de son côté Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, à l'issue d'un Conseil des ministres ordinaire à l'Elysée.
L'Allemagne a dénoncé la « grosse faute de Ianoukovitch » qui a refusé le dialogue. « Il est de la responsabilité du président Ianoukovitch, du gouvernement et des forces de l'ordre d'agir de façon raisonnable et d'apaiser la situation », a poursuivi le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, qui se trouvait mercredi à Paris pour un conseil des ministres franco-allemand.