Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
La place de l’Indépendance est comme en mode pause ce mercredi, à la mi-journée. Il y a moins de manifestants que pendant la nuit, avec toujours autant de policiers en face, mais les deux camps sont en train de renforcer leurs positions. La capitale est dans une sorte d’état d’urgence, le métro ne fonctionne plus, les principales voies d’accès au centre-ville sont coupées, bloquées par la police et les écoles sont fermées. Des groupes d’agitateurs rodent aussi dans la ville et sèment la terreur.
Tension aussi dans l’Ouest du pays
Hier mardi, les populations de plusieurs villes se sont ouvertement soulevées contre le régime. A Lviv, la capitale de l’ouest de l’Ukraine, les protestataires se sont emparées de plusieurs bâtiments officiels, dont un quartier général de la police où ils ont fait main basse sur un stock d’armes et de munitions. On ne sait pas encore s’ils vont les acheminer à Kiev ou s’ils vont les utiliser à l’Ouest. Mais la situation peut dégénérer à tout moment.
Le président Ianoukovitch intransigeant
Viktor Ianoukovitch a pris la parole ce mercredi matin. Dans son discours, il a prôné une nouvelle fois l'intransigeance face aux manifestants. Cela renforce la détermination des manifestants. La menace d’une répression sévère semble d’autant plus crédible que le pouvoir multiplie ce genre de déclarations intransigeantes. Apparemment, les autorités veulent vraiment en finir avec ces trois mois de protestations.
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Le président ukrainien assure recourir à la force seulement par nécessité, mais le fait est qu’il ne veut plus entendre parler de négociations. Ce matin, il a accusé les leaders de l’opposition de tentative de coup d’Etat et a promis des punitions prochaines. Il a lancé lui-même un ultimatum aux protestataires, soit déposer les armes, soit subir de nouvelles attaques dans la journée.
Deuil national
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a également décrété une journée de deuil national demain jeudi après les affrontements. Les drapeaux devront être mis en berne sur les bâtiments officiels, tandis que concerts et compétitions sportives seront annulées, selon un décret publié mercredi sur le site de la présidence.
Les services spéciaux ukrainiens (SBU) ont par ailleurs annoncé l'ouverture d'une enquête pour prise illégale du pouvoir. Celle-ci visera « certains hommes politiques » qui n'ont pas été nommés, mais dont la cible sera probablement les leaders du mouvements comme Vitali Klitschko.