Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Le chœur entame le dernier chant de l’office des funérailles. Sous les ors et les fresques de la cathédrale Saint-Michel, des centaines de personnes, parmi lesquelles les trois chefs de l’opposition, cierge à la main, attendent de pouvoir s’incliner devant le cercueil de Mikhaïl Jiznévski. C'est le cas aussi de Natalia Sergueevna : « Il s’était enfui de sa Biélorussie, parce qu’il n’y a pas de liberté là-bas, parce que c’est la dictature. On a eu un jeune Arménien tué, ce jeune Biélorusse et un Ukrainien. Peut-être que c’est symbolique, sur le territoire de l’ex-Union soviétique, les gens continuent de se battre pour leur liberté. »
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Après la cérémonie religieuse, l’hommage civil. Le cercueil ouvert, recouvert d'un drapeau nationaliste biélorusse, blanc rouge blanc, est porté sur la place de l’Indépendance et rue Grouchevski, là où le jeune militant a été tué par balle. Des centaines d’hommes casqués, cagoulés, armés de bâtons forment un long cortège pour l’accompagner. Parmi eux, Grigori Iakimovitch : « Nous accompagnons un héros vers sa dernière demeure. Je le connaissais personnellement. Il habitait dans une tente là-bas. N’importe qui ici aurait pu se retrouver à sa place, et moi aussi. »
Une fois le cercueil parti, les hommes casqués retournent à leurs postes, sur les barricades en scandant : « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros ! »
Le jeune homme de nationalité bélarusse qui, selon l'un de ses amis, aurait eu 26 ans ce dimanche, est mort par balle mercredi lors des scènes de guérilla urbaine, inédites en deux mois de contestation en Ukraine, dont la capitale a été le théâtre ces derniers jours.
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■ ANALYSE : L'opposition veut-elle négocier ou au contraire rompre le dialogue ?
La réponse d'une spécialiste de l'Ukraine de l'Université de Dijon, Alexandra Goujon.