Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Allongée sur son lit d’hôpital, la moitié du visage fermée par une serviette blanche, les lèvres enflées, Tetiana Tchornovol énumère les hypothèses de son agression. Selon elle, l’attaque est liée à son activité de journaliste ou de militante pro-européenne. Elle affirme notamment avoir découvert une nouvelle résidence luxueuse construite pour le président Ianoukovitch.
Quelques heures avant d'être attaquée, Tetiana Tchornovol avait aussi publié des photos d’une luxueuse villa supposée appartenir au ministre de l’Intérieur, sous ce titre : « Le bourreau vit ici ». Vitaly Zakhartchenko est considéré par l’opposition comme le principal responsable de la dispersion de violente d’une manifestation étudiante, le 30 novembre dernier.
48 journalistes agressés en décembre
Pour la journaliste Olga Vesinanka, venue manifester devant le siège du ministère, avec une photo de sa collègue défigurée, le ministre doit aussi répondre de l'agression de la journaliste. « C'est loin d'être un cas isolé, affirme-t-elle. Durant ce mois, plusieurs journalistes ont été frappés. Dans un pays démocratique, un tel ministre, qui doit en principe servir son peuple et défendre leurs droits, devrait démissionner ».
« Démission », scandent les représentants des médias, réunis sous les fenêtres du ministère de l'Intérieur. Certains redoutent d'être les prochains sur la liste : depuis le début de l’année, 101 journalistes ont subi des attaques en Ukraine, 48 pour le seul mois de décembre.