Avec notre envoyée spéciale à Kiev,Anastasia Becchio
Les manifestants de la place de l’Indépendance et l’opposition accusent les autorités d'être derrière cette agression. Ils se sont réunis devant le ministère de l'Intérieur. « Non à la dictature », scande une colonne de manifestants qui porte des photos de la journaliste défigurée, qui travaille pour Ukraïnska Pravda.
« Regarde, ces brutes, ce qu’ils ont fait à cette belle jeune femme », lance une grand-mère à son petit-fils au passage du cortège. « C'est révoltant ! Ça fait peur de vivre dans un tel pays ! On a des bandits au pouvoir. »
« Quelqu'un de très professionnel, d'intrépide, de volontaire »
Taras a fait ses études de journalisme avec Tetiana Tchornovil. « On est très fiers d'elle. C'est quelqu'un de très professionnel, d'intrépide, de volontaire, explique-t-elle. Elle menait de nombreuses enquêtes sur les irrégularités des appels d'offres. Elle gênait beaucoup de monde. Ça n'est pas un hasard. »
Avant son agression, la journaliste avait passé la journée à prendre en photo des maisons appartenant au ministre de l'Intérieur, que l'opposition accuse d'être responsable de la dispersion violente d'une manifestation.
« Si le président avait tout de suite démis le ministre de l'Intérieur après les violences du 30 novembre, le sang n'aurait pas coulé une nouvelle fois, estime le chef du parti nationaliste Svoboda, Oleg Tiagnibok. En agissant ainsi, le président Ianoukovitch donne quasiment sa bénédiction à ces éléments criminels qui frappent et mutilent en toute impunité des manifestants pacifiques. »
Le président a « condamné les violences » contre la journaliste tout en chargeant le ministre de l'Intérieur et le procureur général d'enquêter sur cette affaire.
Un militant pro-européen poignardé
Un autre militant pro-européen a été poignardé mardi soir dans l’est du pays, à Kharkiv, par deux inconnus, selon les médias et la police. Il a été légèrement blessé aux hanches et aux poignets. Le ministère de l'Intérieur et les autorités de Kharkiv ont d'ores et déjà dénoncé des « provocations » visant à les discréditer.