Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Dans sa petite échoppe de café à emporter, dans le centre-ville de Kiev, Andrey Chookovsky est intarissable sur sa passion : les variétés, les arômes, la torréfaction du café. Le 21 novembre dernier, lorsque les premiers appels à manifester ont été lancés sur les réseaux sociaux, il est sorti dans la rue avec sa machine à café.
« Le café réconforte, confie-t-il. Mon café est bon et je me suis dit : pourquoi pas ? L'idée de l'intégration européenne me plaisait en général, bien qu'à ce moment-là, je n'avais lu aucun document à ce sujet. Mais ce qui m'a déplu, c'est que le président nous ait menti.
Lorsque j'ai compris que j'étais utile sur la place, je suis revenu, le deuxième, le troisième, le quatrième et le cinquième jour. »
Cinq jours durant, Andrey va servir des centaines de cafés aux manifestants. Mais plus d’un mois après, il jette un regard amer sur les événements.
« A un moment, les hommes politiques sont apparus, ça m'a énervé, avoue-t-il. Je me souviens des premiers jours, qui étaient complètement vierges de tout ça ; les gens étaient sortis pour deux raisons : parce qu'ils voulaient l'intégration européenne ou qu'ils voulaient simplement que le président ne nous mente pas. Mais maintenant, je constate que des manipulateurs sont apparus et cela s'est transformé en un grand jeu politique, dans lequel je suis un pion. Tout ça s'est transformé en cirque, c'est un cirque ! »
Un cirque où Andrey n’a plus l’intention d’aller. Il attend maintenant le démontage des tentes et des barricades de la place de l’Indépendance.