Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Muriel Pomponne
Ils sont sans doute quelques milliers de manifestants sympathisants de Ianoukovitch sur la place de l’Europe. Moins nombreux que les opposants sur la place de l’Indépendance, située à une centaine de mètres, ils veulent tout de même également faire entendre leurs voix.
Brandissant des drapeaux aux couleurs du Parti des régions, ils ont écouté le Premier ministre Mycola Azarov expliquer qu’il avait eu le courage de refuser l’accord d’association pour sauver les emplois en Ukraine.
Unité, ordre et stabilité
Étrangement, le public ne manifeste pas spécialement d’enthousiasme. Sur la scène, les orateurs tentent de galvaniser la foule avec un discours sur l’unité du pays, et le respect de l’ordre et de la stabilité. Slogans qui ne sont toutefois pas repris par la foule.
À deux pas, de l’autre côté du cordon de policiers, des pro-européens les interpellent : « Crimée, Donbass [deux régions situées respectivement au sud et à l'est de l'Ukraine, NDLR], avec nous ! L’Est et l’Ouest ensemble ! Rejoignez-nous ! »
Des militants, de part et d’autre, s’invectivent au-dessus des barrières de sécurité.
Verbatim : une militante pro-Ianoukovitch s'explique
« Je ne suis pas pour ce Maidan [la place de l'indépendance, NDLR] là : il faut obliger les leaders, Iatseniouk, Tiernibok et Klitshko, à négocier. Ici ils parlent de l'Union européenne comme d'une fête, mais s'ils devaient y aller pour de vrai un jour, ils se retrouveraient serveurs, balayeurs ou femmes de ménage. Il faut présenter la facture des dégâts commis sur cette avenue aux chefs des opposants. On dirait une véritable invasion de hordes barbares.
Et ça ne résout rien. Je ne les considère vraiment pas comme des leaders. Je ne suis pas contre l'Union européenne, mais il ne faut pas se presser. Il faut peser le pour et le contre. Je manifeste parce que je suis soucieuse de l'Ukraine. Tout doit se résoudre de façon pacifique. Il faut que l'opposition envoie un chef en négociation, et que tous les autres opposants rentrent chez eux. Je soutiens le président car au moins, lui, il ne se dépêche pas. »