Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Pour se donner du courage, un groupe de jeunes gens entonne des chants traditionnels sur les marches de la place de l’Europe. Quelques centaines de militants y passent la nuit.
Enveloppé dans un drapeau européen qui le protège de la bruine, Vlad, professeur d’histoire, est là parce qu’il se sent plus proche de l’Europe que de la Russie : « Le peuple ukrainien, si on regarde son histoire, c’est quand même un peuple européen, et c’est pourquoi, au niveau des mentalités, l’Europe est quand même plus proche de nous que la Russie. »
« La Russie, c’est le passé »
A quelques mètres de là, sur la place de l’indépendance, berceau de la révolution orange, quelques centaines de personnes dansent sur la musique de Rouslana, prix de l’Eurovision 2004.
Yaroslav est étudiant, il passe la nuit ici, avant de repartir en cours : « Nous sommes arrivés à un point où nous devons faire un choix : c’est là ou là. Nous ne voulons plus retourner en arrière, dans le passé, avec la Russie. Nous choisissons la voie occidentale. La Russie, c’est le passé, un passé qui n’a pas été très bon, et c’est pourquoi je ne veux pas qu’elle soit mon avenir. »
L’opposition espère poursuivre la mobilisation avec un point d’orgue attendu jeudi, jour de l’ouverture du sommet du partenariat oriental à Vilnius, où l’Ukraine.
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■ L'Union européenne rassure les manifestants
Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet
C'est un communiqué conjoint du Conseil européen et de la Commission européenne qui assure les Ukrainiens que la proposition de signer un accord d'association et un accord de libre échange avec l'Union européenne tient toujours.
Une façon pour les Européens de dire que l'annonce du Premier ministre ukrainien n'a en rien fermé les portes mais aussi de soutenir les manifestants pro-européens.
Un discours plus ferme envers la Russie
Quatre jours avant l'ouverture du sommet de partenariat oriental qui aurait dû être l'occasion de cette signature, les Européens ne se font guère d'illusion mais au moins ont-ils l'impression d'avoir tout fait. C'est aussi une façon de ne pas donner l'impression de perdre la face après le camouflet infligé par le refus du gouvernement ukrainien de signer.
Surtout, les présidents du Conseil et de la Commission utilisent un langage d'une fermeté inhabituelle face à la Russie. Ils affirment « désapprouver fortement la position russe et dénoncent les pressions extérieures exercées sur le gouvernement ukrainien. »
Tout cela est évidemment dit avec des pincettes et agrémenté de formules diplomatiques sur le respect de la souveraineté de tous. Mais pour un communiqué officiel des deux instances exécutives de l'Union européenne, le ton est quasiment belliqueux.
→ A (RE) LIRE : Ukraine: incidents en marge d'une manifestation pro-européenne