De notre correspondante à Rome
40% des Italiens n’auraient donc aucune connaissance d’internet. On a du mal à y croire… Mais une étude publiée cette semaine par la Confindustria, le patronat italien, confirme bien ces données. Elles peuvent apparaître d’autant plus surprenantes que 96% des logements en Italie - grâce à l’intégration entre réseaux de communication fixe, mobile, et satellitaire - peuvent être facilement reliés à internet.
Par contre, seules 4% des habitations peuvent avoir accès à des connexions à haut débit, contre une moyenne européenne de 95,5%.
Un problème de culture du net
Pour revenir avec précision sur l’utilisation d’internet, en fait 53% des Italiens seulement l’utilisent au mois une fois par semaine. Si l’on en croit le ministre du Développement, Antonio Catricalà, une des raisons serait liée au « comportement des dirigeants publics ou de groupes privés qui n’ont pas le reflexe internet ». Par exemple, au lieu de transférer un courriel à un collaborateur, ils impriment le message et le font lire ensuite sur papier ! Il s’agit donc avant tout d’un problème de culture du net.
En effet. Seuls 19% des usagers dialoguent via le réseau internet avec leur administration publique contre une moyenne européenne de 44%. En dépit des diverses tentatives de modernisation, entamées en l’an 2000, l’Italie ne parvient pas encore à combler un retard qui s’avère délétère pour son économie et, bien sûr, sa capacité de compétitivité.
On constate un même retard dans les achats et ventes en ligne : 4% des entreprises italiennes vendent leurs produits en ligne contre une moyenne de 20% dans des pays comme l’Allemagne, la Belgique et les pays scandinaves. Il faut bien souligner que ce n’est pas un problème de fonds financiers mais plutôt un problème d’organisation, de rationalisation, de formation aux outils technologiques.
Qu’entend faire le gouvernement pour combler ces retards ?
Rome promet de prendre des mesures concrètes pour « l’alphabétisation numérique ». Le gouvernement, dirigé par Enrico Letta, assure que tous les établissements scolaires italiens vont être dotés de système WiFi.
Deuxième mesure annoncée : à partir de juin 2014, la facturation électronique « devra être l’unique système admis pour ceux qui vendent des biens et services à l’administration publique ». Par ailleurs, d’ici à la fin 2015, une banque de données unique sur l’identité des citoyens italiens devra entrer en fonction (donc nom, prénom, adresse et numéro d’identification fiscale). On attend l’Italie à l'épreuve du numérique.
C’est une question d’autant plus importante que rattraper son retard dans ce domaine permettrait vraiment de réaliser des économies consistantes. Par exemple 7 milliards d’euros, en cinq ans, dans le secteur de la santé publique.