Les pêcheurs espagnols durement pénalisés par la querelle diplomatique autour de Gibraltar

La situation reste tendue entre l'Espagne et le territoire britannique de Gibraltar dans l'extrême sud de la péninsule ibérique. Un îlot artificiel, créé par Gibraltar dans des eaux que l'Espagne considère être de sa souveraineté, a ravivé la tension entre Londres et Madrid. Et, sur place, dans l'attente d'une mission de conciliation de l'Union européenne, les pêcheurs espagnols sont les plus pénalisés.

Avec notre envoyé spécial à Gibraltar, Francois Musseau

Au port de pêche de La Linea, c’est la colère. Les blocs de béton versés par le gouvernement de Gibraltar empêchent d’aller lancer les filets dans la baie d'Algésiras. Une cinquantaine de pêcheurs sont à quai, désoeuvrés, dont Francisco Gomez Curro, l’un des vétérans : « C’est qu’ici on pêche bien, très bien même. Beaucoup de fruits de mer. Alors ils mettent des blocs de béton et au final, c’est toute la baie qui est perdue pour nous ».

Il y a Curro, Manuel, Salvador, Leoncio et tant d’autres. Les bancs de fruits de mer se réduisent d’année en année. Le geste de Gibraltar est une mauvaise nouvelle de plus. Isabel pêche depuis dix bonnes années : « Le problème, c’est qu’ils ont mis dans les blocs de béton des barres métalliques ; alors là on ne peut vraiment plus, parce que ces barres détruisent nos filets. C’est ça le plus grave. »

« J'ai une rage horrible »

Les relations avec la police de Gibraltar ne cessent d’empirer. A moins de quatre milles des côtes, ces pêcheurs sont empêchés de faire leur métier comme leurs parents l’ont toujours fait. Curro enrage : « Ça me fait mal pour tous les pêcheurs. Moi, je vois tout ça, j’ai une rage horrible. Moi, je suis né en mer, j’ai été élevé en mer et je mourrai en mer. C’est tout. »

Lui et les autres n’ont rien à perdre, ils continueront à manifester, disent-ils, jusqu’à ce que les blocs de béton soient retirés.

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