L'un des deux conducteurs du train à grande vitesse est pointé du doigt. Il a d'ailleurs été placé en garde à vue « pour imprudence » jeudi 25 juillet, dans la soirée. La police l'a annoncé ce vendredi, en fin de matinée. Francisco José Garzon Amo pourrait être poursuivi pour homicide involontaire avec circonstances aggravantes.
Selon le journal espagnol ABC, quelques minutes avant le drame, il aurait appelé la radio qui relie le train à la gare. « Je roule à 190 km à l'heure et je vais dérailler ! », aurait-il lancé.
190 km/h, c'est 110 de plus que la limite fixée dans le dangereux virage, situé à 4 kilomètres de la gare de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le secrétaire d'Etat au Transport espagnol a déclaré que cet excès de vitesse pourrait être à l'origine de la catastrophe.
Un conducteur habitué des records de vitesse
Une photo a ressurgi sur les réseaux sociaux et déclenché une vive polémique. On y voit le compteur de vitesse d'un train indiquant 200 km/h. Et c'est ce même conducteur qui l'a publiée sur son compte Facebook en mars 2012.
Pourtant, en Espagne comme dans le reste de l'Europe, un système de sécurité existe. Des balises placées le long des voies permettent de faire ralentir les trains en cas d'excès de vitesse. Le virage, théâtre du drame d'hier soir, n'était de toute évidence pas équipé.
Cette catastrophe ferroviaire est la plus grave en Espagne depuis 1944. Le Premier ministre Mariano Rajoy a décrété trois jours de deuil national.
A l’hôpital de Saint-Jacques, les familles de victimes affluent
Devant l’hôpital universitaire de Saint-Jacques de Compostelle, les familles des victimes, décédées ou blessées, se pressent aux urgences. Jeudi, elles sont sorties à 20 heures précises, avec le personnel hospitalier, pour observer cinq minutes de silence, alors que le roi et la reine d’Espagne y étaient en visite.
Elisa et son mari venaient d’apprendre la mort d’un proche. « J’ai un parent qui est décédé, dit Elisa, un cousin, il avait 57 ans. On a eu de ses nouvelles mercredi, lorsque sa femme est allée le chercher à la gare, on ne savait pas qu’il voyageait ce jour-là. Il y a aussi le fiancé d’une de mes nièces qui est mort lui aussi. C’est terrible, une tragédie. On ne l’oubliera jamais ».
Elisa et son mari Moncho prennent souvent ce train, comme beaucoup de ceux qui ont de la famille à Madrid. « Ca fait quarante ans qu’on n’a pas d’accident de train aussi grave en Espagne, explique-t-il. C’est très douloureux pour tout le monde. Nous avons une fille qui prend ce train régulièrement ».
« Il y a un mois, ajoute sa femme, nous sommes allés lui rendre visite, et nous sommes revenus dans ce même train, à la même heure. Je suppose qu’ils vont prendre des mesures maintenant, avec ce virage, avec les freins.... »