Fin de l’immunité parlementaire pour l’eurodéputée Le Pen

Présidente du Front national et députée européenne française, Marine Le Pen vient de perdre son immunité parlementaire. Le Parlement européen a suivi la Commission des Affaires juridiques qui avait donné son feu vert le 19 juin dernier. C’est la France qui avait demandé cette levée de l'immunité en novembre 2012, après des propos tenus il y a trois ans où elle établissait un lien entre les prières de rue des musulmans et l’occupation nazie.

Lyon, 2010. Marine Le Pen tient une réunion publique, dans le cadre de la campagne interne pour la conquête de la présidence du Front national. Marine Le Pen a un concurrent de taille qui n’est autre que Bruno Gollnisch. A l’époque, elle occupe la vice-présidence du mouvement. Sur les terres de son adversaire, elle est prête à tout pour succéder à son père, Jean-Marie Le Pen, le chef historique de l’extrême droite.

Marine Le Pen briguait la tête du FN

Pour asseoir son autorité, elle doit frapper les esprits des militants et là, sans hésitation elle prononce ces propos populistes sur les musulmans qui prient le vendredi dans les rues des grandes capitales Paris, Marseille, faute de place dans les mosquées. Elle déclare : « C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats... » et de préciser : « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, ça c’est une occupation du territoire ».

Ce dérapage, comme le souligne le politologue Olivier Rouquan, c’est le fond de commerce du Front national. Il y a même eu des précédents. Bruno Gollnish, lui aussi député européen FN, s’était vu privé de son immunité parlementaire à deux reprises, après des propos qui avaient donné lieu à des poursuites en France. Cette procédure avait touché Jean-Marie Le Pen en 1998, après qu'il avait parlé des chambres à gaz comme d'« un détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

Prière de rue et occupation allemande sur le même pied d’égalité

Choquants, inadmissibles, les propos de Marine Le Pen ont suscité une vive polémique. Sans hésitation, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a déposé plainte. Dans la foulée, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) s’est constitué partie civile dans ce dossier, ce qui a permis de déclencher l’ouverture d’une information judiciaire.

Mais pour que la justice française statue sur cette affaire, il fallait autoriser la levée de l’immunité parlementaire. Une simple formalité pour l’eurodéputée du groupe Parti populaire européen (PPE), Marielle Gallo : « A partir du moment où elle n’a pas prononcé ces propos dans l’exercice de ses fonctions, elle ne peut pas bénéficier de l’immunité » et d’ajouter « quatre à cinq députés subissent le même examen dans le mois et, croyez moi, pour des propos beaucoup moins graves que ceux tenus par Marine Le Pen ».

Marine Le Pen persiste et signe

La présidente du Front national ne regrette rien, et se présente même comme une victime : « Je remarque que le Parlement européen maintient l’immunité pour des députés poursuivis pour avoir volé de l’argent, pour avoir tapé leur femme, mais moi pour des propos que j’ai tenus, on lève mon immunité. Mais je m’en moque, il n'y a aucun problème, j’irai m’en expliquer devant le tribunal correctionnel et j’espère gagner ce procès ».

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