De notre correspondante à Athènes
En Grèce, le blocage reste entier, et ce malgré la prise de fonctions d'un nouveau gouvernement, avant-hier, censé justement faire sortir le pays de cette crise. En fait, c'est le Premier ministre lui-même, Antonis Samaras, qui a provoqué ce blocage, en décidant unilatéralement de fermer, en quelques heures à peine, le groupe médiatique public. Depuis, il tente par tous les moyens de sortir par le haut de cette crise, sans reculer : il a formé un nouveau gouvernement après le départ de l'un de ses partenaires, le petit parti Gauche démocratique. Un gouvernement resserré autour de son parti, la droite de Nouvelle Démocratie, et des socialistes du Pasok, mais qui repose en fait sur une faible majorité de 153 députés sur 300 à l'Assemblée. C'est un gouvernement où sont reconduits un certain nombre de ministres, et où la ligne dure de Nouvelle Démocratie finalement est encore plus évidente.
Nomination d’un nouveau ministre
Pourtant, un ministre adjoint à la Réforme de l’ERT a été nommé, il s'agit de Pantélis Kapsis. C'est un ancien journaliste, et il a déjà été porte-parole dans un précédent gouvernement. C'était il y a un an et demi, lorsque Loukas Papadimos était Premier ministre. A l'époque, déjà, Pantélis Kapsis s'était montré favorable à une réforme de l'audiovisuel public et à des licenciements, donc sa nomination n'a pas franchement été accueillie avec enthousiasme du côté des salariés de l’ERT. D'autant que Kapsis provient des médias privés, il a notamment dirigé deux journaux qui font partie des actionnaires de la première chaîne télé privée du pays, Mega. Or dans l'histoire de la fermeture de l’ERT se jouent de gros intérêts pour les médias privés : marchés publicitaires, distribution des fréquences pour la télévision numérique, droits de retransmission des compétitions sportives. Depuis que l’ERT n'existe plus officiellement, les chaînes privées détiennent une forme de monopole. Certains journalistes de l’ERT se méfient donc beaucoup de ce nouveau ministre, ils craignent qu'il ne favorise les intérêts privés au détriment du service public.
Contre la méthode de l’écran noir
Les salariés de l’ERT se sont dits ouverts au dialogue. Dans leur majorité, ils sont bien conscients qu'une réforme est nécessaire. C'est la méthode qui n'est pas acceptable, selon eux, et qui a choqué l'opinion publique. Immédiatement après la prestation de serment du nouveau gouvernement, avant-hier, les représentants des différentes branches de métier du groupe ont d'ailleurs tenu une conférence de presse dans laquelle ils ont rappelé leurs positions : d'accord pour réformer le groupe, mais rétablissement du signal avant tout. De plus, ils déplorent n'avoir reçu aucune information de la part du gouvernement sur le contenu du futur audiovisuel public, ni sur les critères de recrutement, ni sur la façon dont les salariés licenciés allaient être indemnisés. Est-ce que ce message a été entendu ? Hier, Pantélis Kapsis a annoncé qu'un nouveau groupe audiovisuel public allait être mis sur pied dans les trois mois, et que le signal de retransmission allait être rétabli en attendant.