Turquie: le sondage qui fragilise Recep Tayyip Erdogan

Selon un sondage paru ce lundi 17 juin dans le journal Today's Zaman, une majorité de Turcs sont hostiles au projet d'aménagement du parc Gezi, à l'origine de protestations massives contre le gouvernement. Les sondés désavouent aussi l'autoritarisme du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. De quoi revigorer les manifestants.

Avec notre envoyé spécial et notre correspondant à Istanbul

C’est le tout premier sondage publié depuis le début du soulèvement populaire. Il est de surcroît réalisé par l’un des instituts réputés les plus proches du gouvernement turc. Son premier enseignement est presque sans appel : si des élections législatives avaient lieu aujourd’hui, à peine plus de 35% des électeurs interrogés donneraient leur voix à l’AKP, le parti au pouvoir.

Si l'on compare ce pourcentage avec les presque 50% de suffrages obtenus lors du dernier scrutin de juin 2011, cela représente un effritement, voire une chute de près de 15% en exactement deux ans. Pour la première fois, le parti de gouvernement ferait un moins bon score par rapport à la consultation précédente. Eventuellement, il serait même obligé de former une coalition pour gouverner.

Un parti jugé de plus en plus autoritaire

Nous n’en sommes évidemment pas là. Il reste beaucoup de temps avant le prochain scrutin, qui aura lieu dans neuf mois et qui sera de plus une consultation locale. Pour autant, le message de cette enquête sonne comme un avertissement. D’ailleurs, c'est peut-être la raison de la fébrilité et de la nervosité qu’affiche M. Erdogan ces derniers temps.

Les sondés disent préférer la personnalité du président de la République Abdullah Gül à celle de Recep Tayyip Erdogan, et ce à 72,5%. Le sondage montre par ailleurs qu’un Turc sur deux juge que l'AKP devient de plus en plus autoritaire. Or, c’est exactement ce que reprochent les manifestants à l’actuel Premier ministre.

Manifestations pacifiques

63% des sondés veulent que le parc Gezi, à l’origine de la contestation, reste tel quel. C’est aussi un message très fort en direction de M. Erdogan qui défend ce projet, et un encouragement pour les protestataires.

Deux manifestations était d'ailleurs convoquées simultanément ce lundi à 16h dans les rues d’Istanbul. A l’appel de différents syndicats, qui veulent montrer leurs désaccords avec les méthodes employées par le gouvernement, ces rassemblements de plusieurs centaines de personnes ce sont déroulés d’une manière très pacifique.

Poursuivre le combat

Exemple à Tünel, un croisement au sud de la place Taksim : une manifestation face à l’usage de la violence par les autorités, jugé excessif. Selon Korja, membre d’un syndicat de transports privés, la violence n’est pas prête de baisser.

Après la lecture, en face des forces de l’ordre, d’un communiqué dans lequel les différents syndicats appellent le Premier ministre à cesser cette politique autoritaire, les manifestants se sont retirés sans heurt, tout en promettant de poursuivre leur combat.

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