À Istanbul, où la place Taksim a été le théâtre de très violents affrontements samedi, la journée de dimanche a été relativement calme. La place Taksim, livrée aux manifestants après le retrait des forces de l’ordre la veille, a été envahie par plusieurs milliers de personnes. Des incidents ont cependant éclaté dans la soirée à Istanbul, non loin des bureaux du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
« Après être partie de Besiktas, la police est partie dans le quartier de Gümüssuyu où elle utilise actuellement les gaz lacrymogènes. Là, les manifestants sont en train d’ériger des barricades de plus en plus hautes pour que la police ne puisse pas monter jusqu’à la place Taksim. La police tente de pénétrer sur la place », rapportait une manifestante au micro de RFI, dans la soirée. Elle affirme également que les forces de l’ordre font leur possible pour empêcher d’autres manifestants de rejoindre ceux rassemblés à Taksim : « Les gens qui ont tenté de traverser en bateau depuis la rive asiatique jusqu’à la rive européenne ont été gazés également. Du coup ces manifestants traversent maintenant le pont à pied pour venir en aide au quartier de Besiktas et sur la place de Taksim. Du coup, les autorités ont fermé toutes les stations de métro. Tous les bateaux entre les deux rives ont été eux aussi supprimés. »
Colère contre un «système en train de se mettre en place»
Parmi les manifestants, à Istanbul, une adolescente explique les raisons de sa colère: « Cette pression, c’est un essai du gouvernement d’abaisser le peuple, d’imposer leurs idées, d’imposer l’islamisme, d’imposer leurs règles, leurs lois. Tout le monde n’est pas d’accord avec ces règles et ce système qui est en train de se mettre en place », affirme la jeune fille. « Depuis douze ans, on essaie de nous faire taire. Mais maintenant, ça suffit. Maintenant, ils doivent s’arrêter. »
À Ankara, où la vague de protestation a pris de l’ampleur, des affrontements ont opposé manifestants et policiers turcs. Environ un millier de protestataires, qui voulaient marcher vers les bureaux du Premier ministre dans la capitale, en ont été empêchés par les forces de l’ordre, qui ont dispersé la foule en tirant des gaz lacrymogènes.
D’autres villes du pays ont également été touchées par la vague de manifestations. Des rassemblements ont ainsi été observés à Izmir, dans l’ouest de la Turquie, à Adana, dans le sud, et à Gaziantep, dans le sud-est.
Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty International, ont enjoint le gouvernement à mettre un frein à la répression de ces manifestations.