Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
La conquête de la place Taksim est sans nul doute un revers cuisant dont le gouvernement, et avant tout son chef, Tayyip Erdogan, va devoir tirer les leçons. Il doit d’abord commencer par accepter le fait qu’il a affaire à un mouvement de mécontentement très large et très profond dans la société turque.
Cette contestation qui a essaimé en quelques heures à de nombreuses villes du pays, en est la preuve. C'est le signe qu’il ne s’agissait pas là d’une poignée de provocateurs, mais bien d’un avertissement, un cri du cœur d’une large partie de la population.
Le Premier ministre semble avoir fait marche arrière en reconnaissant, comme le président de la République et quelques ministres, un usage « excessif » de la force.
Tayyip Erdogan a fait retirer la police, tout en disant vouloir maintenir le projet de réhabilitation de la place de Taksim. Tancé par Damas, qui en profite opportunément pour retourner à Tayyip Erdogan ses critiques sur la gestion des manifestations populaires, le chef du gouvernement turc n’a bien sûr pas commenté. Mais il se demande certainement comment entendre le message de la rue, sans perdre la face.