Turquie: la conquête de Taksim par les manifestants, un revers pour Erdogan

Depuis deux jours, des affrontements ont opposé la police à des manifestants, à Istanbul. À l'origine de ces heurts, un projet d'urbanisme qui prévoit la destruction du parc Gezi, à proximité de la place Taksim, au cœur de la ville, afin d'y ériger une caserne militaire et un centre commercial. Le gouvernement, qui s’est d’abord montré inflexible, a lâché du lest ce samedi 1er juin, en ordonnant le retrait des forces de police, laissant de fait la place Taksim aux manifestants.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

La conquête de la place Taksim est sans nul doute un revers cuisant dont le gouvernement, et avant tout son chef, Tayyip Erdogan, va devoir tirer les leçons. Il doit d’abord commencer par accepter le fait qu’il a affaire à un mouvement de mécontentement très large et très profond dans la société turque.

Cette contestation qui a essaimé en quelques heures à de nombreuses villes du pays, en est la preuve. C'est le signe qu’il ne s’agissait pas là d’une poignée de provocateurs, mais bien d’un avertissement, un cri du cœur d’une large partie de la population.

Le Premier ministre semble avoir fait marche arrière en reconnaissant, comme le président de la République et quelques ministres, un usage « excessif » de la force.

Tayyip Erdogan a fait retirer la police, tout en disant vouloir maintenir le projet de réhabilitation de la place de Taksim. Tancé par Damas, qui en profite opportunément pour retourner à Tayyip Erdogan ses critiques sur la gestion des manifestations populaires, le chef du gouvernement turc n’a bien sûr pas commenté. Mais il se demande certainement comment entendre le message de la rue, sans perdre la face.

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