Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Des dizaines de milliers de personnes face à la police autour de la place Taksim jusque très tard dans la nuit. Du jamais vu, même si cette place a une tradition de rassemblements violents, comme au 1er mai.
Des personnes de tous âges, pacifiques, mobilisées par les réseaux sociaux, ont convergé toute la journée au fil des assauts brutaux contre les occupants de ce parc devant être sacrifié au nom d’une politique de rénovation et de modernisation effrénée. Dès vendredi après-midi et toute la journée, tout le centre ville n’était qu’un nuage de gaz lacrymogène. En début de soirée, les helicoptères sont à leur tour entrés dans la danse, bombardant la foule qui ne quittait plus la grande avenue piétonne Istiklal.
Les « Indignés d’Istanbul », révoltés par l’arrachage des arbres de Taksim et une brutalité policière injustifiée, ont été suivis, toujours grâce aux réseaux sociaux, par des foules importantes également dans plusieurs villes du pays comme Ankara, Izmir, Adana, Bodrum ou Kas. Comme si une partie de la population avait profité de cet événement, attisé par une brutale répression, pour manifester un mécontentement beaucoup plus profond contre le pouvoir de plus en plus autoritaire de Recep Tayyip Erdogan.