Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
« Je vois que nous sommes en nombre suffisant pour prendre le Kremlin là maintenant », avait lancé Alexeï Navalny à une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes au plus fort des manifestations de l’hiver 2011-2012.
Orateur efficace, le blogueur anti-corruption est devenu au fil des mois la figure de l’opposition la plus charismatique en Russie. Au point qu'il a fini par devenir une épine dans le pied du système en place, comme l’explique le politologue indépendant Dmitri Orechkine : « Il nargue le pouvoir, il l'agace, il lui fait peur. S’il s'était tenu tranquille, on ne l’aurait pas touché. Mais Navalny les a offensés, donc il faut le punir ».
Eviter que Navalny ne se présente à une élection
Selon le dernier sondage de l'institut Levada, seuls 37% des Russes savent qui est Navalny et seulement 14% disent qu'ils voteraient pour lui. Malgré cela, la perspective de le voir un jour candidat à la présidentielle inquiète le pouvoir, estime Lev Goudkov, le directeur de l’institut : « Bien sûr, il ne fait pas le poids face à Poutine. Mais d'un autre côté, si Navalny participait à une élection, il aurait accès aux chaînes fédérales et pourrait critiquer Poutine à la télévision, ce dont le Kremlin a très peur et veut à tout prix éviter ».
En vertu d'une nouvelle loi, même une peine avec sursis priverait Alexeï Navalny de la possibilité de se présenter aux élections.