Russie: ouverture du procès d'Alexeï Navalny, principal opposant de Poutine

Il encourt dix ans de prison pour une affaire que de nombreux observateurs estiment montée de toutes pièces : l’opposant russe Alexeï Navalny est jugé à partir de ce matin, mercredi 17 avril, pour détournement de fonds, par un tribunal de la ville de Kirov. Pourfendeur de la corruption, le juriste de 36 ans mène la vie dure aux représentants du pouvoir en publiant régulièrement des enquêtes gênantes sur leur compte et en critiquant ouvertement le système Poutine.

Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio

« Je vois que nous sommes en nombre suffisant pour prendre le Kremlin là maintenant », avait lancé Alexeï Navalny à une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes au plus fort des manifestations de l’hiver 2011-2012.

Orateur efficace, le blogueur anti-corruption est devenu au fil des mois la figure de l’opposition la plus charismatique en Russie. Au point qu'il a fini par devenir une épine dans le pied du système en place, comme l’explique le politologue indépendant Dmitri Orechkine : « Il nargue le pouvoir, il l'agace, il lui fait peur. S’il s'était tenu tranquille, on ne l’aurait pas touché. Mais Navalny les a offensés, donc il faut le punir ».

Eviter que Navalny ne se présente à une élection

Selon le dernier sondage de l'institut Levada, seuls 37% des Russes savent qui est Navalny et seulement 14% disent qu'ils voteraient pour lui. Malgré cela, la perspective de le voir un jour candidat à la présidentielle inquiète le pouvoir, estime Lev Goudkov, le directeur de l’institut : « Bien sûr, il ne fait pas le poids face à Poutine. Mais d'un autre côté, si Navalny participait à une élection, il aurait accès aux chaînes fédérales et pourrait critiquer Poutine à la télévision, ce dont le Kremlin a très peur et veut à tout prix éviter ».

En vertu d'une nouvelle loi, même une peine avec sursis priverait Alexeï Navalny de la possibilité de se présenter aux élections.

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