En attendant le prochain pape, on parie, on prie, on tweete et on joue

C’est dans deux jours, le mardi 12 mars 2013, que s’ouvre dans la cité du Vatican le conclave qui doit choisir parmi 115 cardinaux venus du monde entier, le nouveau pape. La solennité qui entoure ce rituel immuable ne résiste pas aux intérêts séculiers que génère cet événement. A Londres, on ne se refait pas, les bookmakers se sont naturellement emparés du sujet pendant que la toile, pas en reste, propose d’adopter « son » cardinal.

Les bookmakers anglais se frottent les mains. Depuis l'annonce de la renonciation du pape Benoît XVI, le 11 février, les mises vont bon train dans les officines de paris pour prédire le nom du successeur de saint Pierre. Selon des spécialistes, les paris sur le nouveau pape pourraient même atteindre en volume des montants rarement enregistrés lors d’un événement non sportif ; on parle d’une douzaine de millions d’euros qui pourraient être joués pour l’occasion.

L’Italien Angelo Scola favori des parieurs
Sur les 115 cardinaux qui ont le droit de vote et qui tous sont éligibles, quelques-uns se détachent dans l’univers des parieurs. Mais en un mois, les noms retenus fluctuent un peu comme pour une campagne électorale. Ainsi, dès la mi-février, les bookmakers misaient sur un affrontement entre Italie et Afrique. Et, comme en 2005, c’est le cardinal nigérian Francis Arinze qui est parti en tête, suivi du Ghanéen Peter Turkson et du Canadien, Marc Ouellet.

Mais à moins de quarante-heures du conclave et du scrutin, c’est maintenant un Italien, Angelo Scola qui tient la corde. Disparu dans les profondeurs du classement, Francis Arinze est aujourd’hui devancé par un autre Africain pour la deuxième place, le Ghanéen Peter Turkson qui conserve ses chances de devenir le premier pape noir à 7 contre 2 chez William Hill comme chez Paddy Power, deux bookmakers parmi les principaux. Le Canadien Marc Ouellet est toujours dans la course bien que talonné de près par le Brésilien Odilo Scherer.

Mais avec les Anglais, la facétie a toujours droit de cité ; c’est ainsi que certains ont misé sur l’ancien champion cycliste Lance Armstrong (à 2 000 contre 1). Un peu plus sérieux, les paris sont aussi ouverts pour désigner le nom que prendra le 266e souverain pontife. Pierre est à 5 contre 1, (mais ce nom n’a jamais été porté par un autre pape que le fondateur de l’Eglise lui-même), devant Pie, Jean Paul et Benoît...

L’élection d’un nouveau pape donne décidément des idées ludiques. Aux Etats-Unis, un professeur de religion a créé bien opportunément un jeu de société baptisé « Vatican : trouve le secret pour devenir pape ». Le joueur qui prend ici les habits de cardinal, gagne des points s’il s’oppose au mariage homosexuel, en perd s’il contredit le pape et remporte un bonus en convertissant au catholicisme un groupe d’extrémistes musulmans qui l’ont enlevé.  Tout un programme dont on ne sait pas s’il s’agit de lard ou de cochon.

Adopter un cardinal

L’humour, grinçant ou pas, est en tout cas de la partie même au sein de l’Eglise. Un nouveau site allemand propose pour cette élection « d’adopter un cardinal» ! Ici pas de paris, pas de moqueries, on clique et on se retrouve avec SON cardinal attribué au hasard à chaque internaute. Une fois « adopté », il ne reste plus qu’à prier pour lui afin qu’il fasse le bon choix au moment de l’élection du pape. Finalement ce n’est pas si drôle mais cela a beaucoup plu aux cardinaux, qui se félicitent des 350 000 internautes qui se sont déjà inscrits. Une démarche originale qui a même reçu la bénédiction du Vatican !

Parmi les 115 cardinaux qui s’enfermeront à partir de ce mardi quelques-uns sont des adeptes de Twitter. A vrai dire ils sont moins d’une vingtaine à « gazouiller ». Mais l’exemple était venu d’en haut avec le pape lui-même qui avait ouvert un compte en décembre 2012. Avec 1,6 million d’abonnés et à peine 8 messages, le compte @pontifex a obtenu un succès aussi fulgurant que fugace : il a en effet été clos dès l’annonce de la renonciation de Benoît XVI.

Parmi les cardinaux qui tweetent régulièrement, le Français Jean-Louis Tauran ou les Italiens Tarcisio Bertone et Gianfranco Ravasi ont décidé de suspendre leur compte Twitter, le temps du conclave. D’autres, très actifs comme l’Américain Timothy Dolan, le Brésilien Odilo Scherer ou le Philippin Luis Tagle devraient aussi cesser toute communication dès ce mardi alors qu’un des favoris parmi les papabili, Angelo Scola a préféré lui, fermer carrément son compte...

Pas question en effet de se laisser aller à tweeter entre deux votes au conclave. « Celui qui tweete quittera le conclave et sera excommunié » a averti hier, samedi, Monseigneur Poitevin, le porte-parole des évêques de France. De quoi freiner un cardinal, même le plus geek d’entre eux.

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