« Je voudrais que chacun éprouve la joie d'être chrétien, d'être aimé de Dieu qui a donné son Fils pour nous ! », a tweeté le pape démissionnaire en guise d’adieu aux internautes. Un bref texte optimiste et spirituel, comme pratiquement tous les autres messages de Joseph Ratzinger sur Twitter. Et pourtant, au lancement du compte « @pontifex », à la date symbolique du 12 décembre 2012 (12/12/12), les polémiques sur le possible rôle et contenu du compte ne manquaient pas.
Controverses
Les controverses éclataient principalement pour deux raisons. D’abord, parce que les inconditionnels du pape, comme par exemple l’auteur du blog benoit-et-moi.fr, s’étonnaient de voir le chef de l’Eglise se servir d’un instrument qui, selon eux, impose « l’appauvrissement généralisé de la pensée et de la langue », en se pliant aux impératifs de « la brièveté » et de « l’instantanéité ». Ils craignaient également – d’ailleurs, à juste titre – de le voir s’exposer aux insultes et aux plaisanteries plus ou moins douteuses, sans vraiment pouvoir y remédier.
Les polémiques visaient non seulement la forme, mais aussi le contenu du compte papal sur Twitter. Toutefois, paradoxalement, beaucoup d’internautes ne jugeaient pas tellement Benoît XVI sur ce qu’il a réellement écrit, mais plutôt sur ce qu’ils attendaient de lui. Et quand il décevait les attentes, les jugements étaient sévères. Or les attentes des internautes sur ce que Benoît XVI pouvait faire sur Twitter et comment devait-il s’en servir, étaient très divergentes.
Excellente illustration, ce bref reportage de la chaîne Euronews, montrant une jeune religieuse italienne et un jeune touriste anglais, interrogés le lendemain de l’inauguration du compte @pontifex. La religieuse insistait sur le rôle évangélisateur de celui-ci. Le touriste réclamait que Benoît XVI profite de cet outil de communication pour préciser sa position sur l’usage de préservatifs et pour en discuter avec les internautes.
Le pape dans la blogosphère
Même si Joseph Ratzinger se retire de son trône et de son compte Twitter, il restera un personnage abondamment cité sur Facebook, ou dans la blogosphère. Il était très présent sur internet dès le début de son pontificat pour être non seulement abondamment cité, mais aussi pour être abondamment critiqué, voire insulté. Ses prises de position, surtout dans le domaine de mœurs, suscitaient souvent de vives contestations.
Benoît XVI avaient donc beaucoup de détracteurs, mais aussi pas mal d’avocats dans la blogosphère. Par exemple, après les propos très controversés sur le sida en Afrique, tenus dans l’avion qui l’amenait au Cameroun, plusieurs blogueurs se sont élevés contre les interprétations de la position du pape qu’ils trouvaient simplistes. Autheuil, un juriste protestant, écrivait sur son blog : « Je dois reconnaître que Benoît XVI n’a pas tort : les préservatifs ne règleront pas le problème du sida (…). Et si on cherchait des solutions possibles du côté de la prévention des pratiques à risque ? ».
Moment « particulier »
Face aux attentes et aux commentaires très divers et variés, le pape a fait son propre choix. Au risque de n’étonner personne, il s’est concentré sur les messages à caractère strictement spirituel, et son dernier tweet en est une parfaite illustration parmi beaucoup d’autres. En revanche, il a légèrement dérogé à la règle dans son premier message sur Twitter, où il exprimait sa « joie » d’être « uni » aux autres utilisateurs du réseau, et dans l’avant-dernier, où il a demandé de prier pour lui-même et pour l’Eglise, en qualifiant le moment de « particulier ».
Mais le moment vraiment particulier ne vient qu’aujourd’hui, avec la fin réelle du pontificat et du compte Twitter de Benoît XVI, redevenant Joseph Ratzinger.