Le Vatican en route vers le conclave

Une semaine décisive s’est ouverte à Rome pour l’élection du prochain pape. Débats, échanges, rencontres formelles et informelles dans l’enceinte du Vatican, mais aussi en ville. Les cardinaux ont commencé à dessiner le portrait du 266e pape.

Les congrégations générales désignent ces grandes rencontres entre cardinaux qui précèdent l’ouverture du conclave. La première s’est tenue ce lundi au Vatican. Il s’agit pour les membres du Sacré Collège d’identifier à la fois les dysfonctionnements au sein de la curie et de définir les défis majeurs que l’Eglise du XXIe siècle doit relever.

Un pape à poigne et à la santé de fer

Le climat délétère qui a régné en 2012 au Vatican, révélé par le « Vatileaks », du nom de l’affaire des fuites dans la presse de documents confidentiels, a mis en lumière des réseaux d’influences et des rivalités nocives à un  « saint » fonctionnement de l’institution.

Le prochain pape devra ainsi avoir la poigne du manager pour remettre de l’ordre dans la maison et, également, en finir avec les scandales sexuels qui ont terni durablement l’image de l’Eglise, notamment dans les bastions du catholicisme.

À côté de l’autorité, l’âge et la santé joueront de tout leur poids dans le choix des cardinaux. La barque est lourde à tirer. La renonciation du pape Benoît XVI en dit long sur la charge qui pèse sur les souverains pontifes, qui doivent accorder le temps de l’Eglise à celui de la mondialisation et d’internet.

Un diplomate charismatique

Le pape, dans sa mission de pasteur universel, devra aller comme ses prédécesseurs à la rencontre de la planète catholique : plus d’un milliard de fidèles à travers le monde. Doté de l’indispensable don des langues, son charisme et son aisance au contact des foules seront appréciés après la raideur gestuelle de Benoît XVI.

Ce leader spirituel, dont les encycliques seront les bienvenues en temps de crise, devra aussi s’avérer être un fin diplomate au service de la justice et de la paix. Il devra se montrer soucieux des relations avec les autres religions, notamment l’islam.

Revivifier la foi sur le continent européen gagné par l’indifférence religieuse et solidifier la ferveur des Eglises du sud, concurrencées par leurs rivales évangéliques, seront au cœur de la feuille de route du prochain pape. Autant dire qu’aucun cardinal ne correspond à ce portrait robot idéalisé.

Un « Karol Wojtyla africain » ?

Reste le pays, ou le continent. On a coutume d’entendre ces jours derniers que l’origine géographique ne doit pas être, ou ne sera pas, le critère déterminant, et que seule compte la personne.

Pourtant l’élection d’un « Karol Wojtyla africain », d’un pape noir, au fait des questions de bonne gouvernance et de justice sociale, serait un signal fort à destination d’un continent qui représente l’avenir démographique de l’Eglise catholique. Qui plus est, elle trouverait dans le nouvel élu un défenseur des valeurs traditionnelles familiales. Parmi ces papabili d’Afrique, on cite l’archevêque nigérian John Onaiyekan, l’archevêque d’Abuja, ou encore le cardinal guinéen Robert Sarah, en charge des œuvres sociales du Vatican.

Le poids de l'hémisphère nord

Mais les noms les plus couramment cités parmi les papabili appartiennent à l’hémisphère nord. L’Italie a ses poids lourds, à commencer par le cardinal au regard décidé Angelo Scola, 71 ans, à la tête du puissant diocèse de Milan. Il ne faut pas non plus oublier le cardinal Gianfranco Ravasi, vedette des médias et expert du dialogue avec les non-croyants.

L’Amérique du Nord avec le cardinal canadien Marc Ouellet, ancien archevêque de Québec, a un candidat très sérieux, tout comme l’Amérique latine, avec le cardinal argentin Leonardo Sandri, fin connaisseur de la diplomatie vaticane et l’archevêque de Sao Paulo Odilo Scherer.

Mais la surprise pourrait venir des outsiders et d’aucuns voient dans le jeune cardinal archevêque de Manille, Lui Antonio Tagle, âgé de 55 ans, celui qui serait le plus à même de tirer la lourde barque de Pierre.

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