Italie: les démocrates veulent une alliance, Grillo se fait attendre

C’est l'impasse politique en Italie. Après les élections de dimanche et lundi, le pays est sorti sans une majorité claire mais le chef de file de la coalition de gauche Pier Luigi Bersani revendique le droit de former un gouvernement. Il s’est exprimé ce mardi après-midi, le 26 février, entrouvrant la porte au Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo. Un mouvement qui a provoqué la surprise en remportant un quart des suffrages. Mais pour le moment, ce dernier ne veut s'allier avec aucune autre formation. Face à ce blocage en vue dans la troisième économie de la zone euro, les réactions ont été très négatives sur les marchés financiers.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Pier Luigi Versani, le leader du centre-gauche, a finalement tenu sa première conférence postélectorale. Et il a immédiatement reconnu qu’il n’avait pas vraiment gagné puisque sa coalition ne dispose pas d’une majorité suffisante au Sénat.

Alors, vers qui pourrait-il se tourner pour la consolider ? Il a longuement parlé du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo. Il a déclaré que le succès de cette force est lié à une classe politique moralement non crédible, à la crise et à la mauvaise recette anti-crise dont le seul ingrédient a été l’austérité.

Pier Luigi Versani s’est dit prêt au dialogue avec les nouveaux élus du mouvement pour tenter de former un gouvernement de combat, de changement. En revanche, il n’entend pas se lancer dans un ballet diplomatique avec la coalition de Silvio Berlusconi parce que, dit-il, les Italiens veulent des vrais changements.

De son côté, Beppe Grillo se montre toujours aussi hostile à toute alliance, mais il affirme que le Mouvement 5 étoiles est en faveur de solutions utiles au pays. Reste à voir si les bonnes intentions vont pouvoir se concrétiser en actes.

Le « sauveur Berlusconi »

Parti de 15% il y a deux mois, Silvio Berlusconi a obtenu plus de 29% aux élections italiennes, talonnant de peu la coalition de centre-gauche. Le « Cavaliere », l'homme qui est prêt à des sacrifices pour l'avenir de son pays, s’est dit ce mardi matin ouvert à un accord avec le centre-gauche majoritaire à la Chambre des députés. Mais il écarte toute alliance avec les centristes de Mario Monti.

L'impasse dans laquelle se trouve le pays préoccupe les Italiens. Partout à travers le pays, on ne parle plus que de cela. Tous sont stupéfaits de la performance du candidat anti-système Beppe Grillo. Un Italien sur quatre a voté pour lui.

L'inquiétude des marchés financiers

Mario Monti, dont le rassemblement centriste n’a obtenu que 45 sièges à la Chambre des députés et 18 au Sénat, a convoqué ce mardi de toute urgence une réunion au siège du gouvernement, le palais Chigi, en présence des ministres sortants de l’Economie et des Affaires européennes, ainsi que du gouverneur de la Banque d’Italie, Ignacio Visco, ce qui est tout à fait inhabituel.

Mais rien n’a filtré de cette réunion où il devait être question de l’effondrement de la bourse italienne et de la remontée du spread (c’est-à-dire l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie).

Parmi les mesures qui ont été prises, on sait seulement que la Consob, le gendarme de la Bourse italienne, a interdit jusqu’à ce mercredi compris, les ventes à découvert de titres de la banque Intesa Sanpaolo, première banque italienne.

Evidemment, Rome s’inquiète beaucoup des réactions au niveau international. Parmi ces dernières, celles de la Bank of America Merrill Lynch, qui estime que « le résultat des élections est le pire résultat pour les marchés financiers et pour l’économie italienne ». La Bourse de Milan était dans le rouge, ce mardi soir à la fermeture, avec une baisse de près de 5%.

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