Présidentielle: Chypre dans l’attente de l'aide européenne

Le deuxième tour de l’élection présidentielle se déroule dimanche 24 février à Chypre. Ce n’est qu’après cette échéance que l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI prendront une décision sur l’aide à accorder à ce pays en grande difficulté financière.

En juin dernier, Chypre a demandé l’aide de l’Europe pour sortir son secteur bancaire du marasme. Mais début février, les ministres des Finances de la zone euro ont décidé de repousser après l’élection présidentielle toute décision à ce sujet.

Dimanche s’affrontent pour ce deuxième tour de l’élection présidentielle un candidat conservateur, Nicos Anastasiades, favorable au recours le plus rapide possible à l’aide de l’Union européenne et du Fond monétaire international (FMI), et un candidat soutenu par les communistes, Stavros Malas, qui attend aussi l’aide internationale, mais en allégeant le programme de mesures d’austérité qui en est la contrepartie.

Entre 6 et 9 milliards d'aide requise

Chypre a déjà un plan de réduction des dépenses équivalant à 7,5% de son PIB sur quatre ans. Mais les dernières prévisions de la Commission européenne ne sont guère engageantes : l'économie, qui a connu une récession de 2,3% en 2012, devrait poursuivre sa chute en 2013. On prévoit un recul de 3,5%. Et la reprise n'est pas attendue avant 2016.

Avant de se prononcer sur leur aide, les Européens et le FMI ont exigé un audit sur l’état du système financier chypriote et l’étendue de ses besoins. Les résultats viennent d’être rendus publics : selon le fonds d’investissement PIMCO (Pacific Investment Management Co), chargé de cette enquête, le secteur bancaire chypriote a besoin d’une aide évaluée entre 6 et 9 milliards d’euros selon les scenarios retenus.

Un risque pour l’ensemble de la zone euro

Cette évaluation est inférieure à celle de l’agence de notation Standard et Poor’s, qui estimait que l’aide à Chypre devrait atteindre environ 15 milliards d’euros. Certaines hypothèses avaient même placé la barre à 17 milliards d’euros…

Quel qu’en soit finalement le montant, le principe d’une aide à Chypre ne fait plus guère de doute. Le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), Klaus Regling, vient d’affirmer que, selon lui, Chypre présente un risque bien supérieur à l’importance réelle de son économie. Les difficultés du pays peuvent déstabiliser l’ensemble du système financier de la zone euro.

Prochaine échéance cruciale : juin 2013

Il est vrai que les banques chypriotes sont très impliquées dans la crise grecque, dont elles subissent le contrecoup. Ces banques ont de nombreuses filiales en Grèce et les marchés sont très attentifs à l’évolution de Chypre. Pour Klaus Regling, « il nous faut une décision bientôt, sinon cela représente un risque pour la zone euro ».

Outre l’élection présidentielle, qui a suspendu la décision européenne, certains membres de la zone euro sont réticents à tendre la main à Chypre si cette île méditerranéenne ne s’engage pas plus activement dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. De plus, les futurs créanciers de Chypre souhaiteraient que l'île s’engage dans un programme de privatisations, une perspective qui ne suscite pas l’enthousiasme du gouvernement chypriote.

Et le temps presse : Chypre doit faire face en juin prochain à une lourde échéance. A cette date, Nicosie doit rembourser près d’un milliard et demi d’euros.

 

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