C’était au mois de novembre. François Hollande se voulait alors rassurant. Il expliquait après un premier conseil sur le budget pluriannuel de l’Union qu’il était normal que ce genre de discussion donne lieu à un sommet exploratoire avant un sommet conclusif. De là à imaginer que les 27 sont sur le point de conclure, il y a un pas qu’il serait imprudent de franchir. Car les positions des différents protagonistes sont encore éloignées, voire même antagonistes.
D’un côté, il y a les contributeurs nets, emmenés par le Royaume-Uni, qui souhaitent une baisse drastique des dépenses de l’Europe, et aussi accessoirement le maintien de leurs rabais sur le budget. De l’autre, il y a les bénéficiaires. Ceux qui profitent des politiques de cohésion ou de la Politique agricole commune (PAC), avec en porte-drapeau la France, qui affirme qu’elle va chercher le compromis. François Hollande a d’ailleurs laissé entendre qu’il pourrait accepter une baisse globale du montant de la PAC, si chère aux agriculteurs français. Au milieu, il y a l’Allemagne, qui se voit bien en point d’équilibre.
Le poids de l’Allemagne
En pleine année électorale, Angela Merkel ne ratera pas l’occasion d’insister sur son sérieux budgétaire, tout en tentant de mettre tout le monde d’accord pour montrer une fois de plus son poids décisif sur le continent. La base de négociation est une proposition à 973 milliards d’euros sur sept ans, en net retrait par rapport au précédent budget et qui représente 1% de la richesse européenne. Tout cela sera observé de près par les eurodéputés, qui auront le dernier mot.
Les membres des principaux groupes du Parlement européen ont prévenu lors de la visite de François Hollande mardi que si les 27 n’arrivaient pas à s’accorder sur un budget ambitieux, notamment sur les investissements d’avenir et la recherche, les efforts des délégations pourraient bien être réduits à néant.
Lors de ce passage à Strasbourg, le président français avait d’ailleurs remercié les députés de lui avoir fourni de nombreux arguments avant de rejoindre ses homologues. Parmi ceux-ci, il y en a un qui ressort et que le chef de l’Etat français affirme placer en tête : négocier en ayant en tête l’intérêt de l’Europe plutôt que les intérêts nationaux.