A Strasbourg, François Hollande «l'Européen»

Entre un déplacement au Mali et le prochain sommet européen jeudi et vendredi à Bruxelles, le président français était ce mardi 5 février 2013 à Strasbourg, dans l'est de la France, pour un premier discours au siège du Parlement européen, devant des députés majoritairement ancrés à droite. François Hollande a notamment parlé du Mali, mais surtout du budget communautaire.

De notre envoyée spéciale à Strasbourg,

Sur le Mali, l'intervention du chef de l'Etat français a été assez brève. « L’Europe doit prendre sa part pour la démocratie et la paix, et c’est pour ça que j’ai lancé l’intervention au mali, a-t-il dit. C’était notre responsabilité, nous étions présents dans cette partie du monde, nous pouvions répondre à l’appel à l’aide du chef de l’Etat malien. »

François Hollande a remercié le Parlement pour son soutien dans ce moment si particulier, où un pays européen s’engage pour un pays africain. Il a été applaudi, puis a appelé simplement les Européens à lutter contre le trafic de drogue, « parce que le terrorisme se nourrit aussi de ces trafics, particulièrement en Afrique de l’Ouest », a-t-il précisé.

Il attend enfin que l'Europe se mobilise « pour participer au développement du Sahel ». Présent dans l'Hémicycle, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso est intervenu pour lui rendre hommage.

Les attentes des députés portaient sur le Budget

Les députés de gauche comme de droite sont inquiets. Difficile de parler de l’avenir de l’Europe sans parler de son budget. Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 discuteront dans deux jours du budget à long terme de l'Union européenne.

Pour les Européens, une réduction de ce budget aurait des conséquences désastreuses. « Au lieu d'investir dans l'avenir de l'Europe, on s'attaque à l'un de nos meilleurs outils de croissance, le budget européen », a déclaré Joseph Daul, le président du PPE, le groupe de droite majoritaire au Parlement. Et de préciser que « 94% de ce budget retourne dans les États membres, sous forme d'investissements ».

On renonce à quoi, demandent en substance les autres députés. Au programme d’échange d’étudiants Erasmus ? Au fonds social européen ? Aux programmes de recherche ? Aux aides alimentaires ? Ils dénoncent une volonté de détricotage de l’Europe de la part de David Cameron et des dirigeants qui veulent réduire le budget. 

Un sommet à risque pour François Hollande

En s’exprimant devant le Parlement européen à deux jours d’un sommet aussi crucial pour l’Union européenne et pour les parlementaires, François hollande a pris un risque. Il a promis un compromis sur le budget : « Faire des économie, oui », concède-t-il. Mais « affaiblir l’économie, non ! » Le président français dénonce les égoïsmes des Etats membres.

Mais son attachement à la PAC - la politique agricole commune - et son manque d’engagement sur le budget ont ravivé les inquiétudes des députés, qui attendent donc la conclusion du sommet pour juger du volontarisme de François Hollande. Ils craignent qu’il ne brade les intérêts de l’Europe pour préserver la politique agricole commune. Si le budget est en baisse pour les sept ans qui viennent, ce sera pour eux un aveu d’impuissance du président français. 

Francois Hollande et l’avenir de l’Europe

La France est l'un des pays fondateurs de l’Europe, où elle joue encore un grand rôle. François Hollande a évoqué les noms de François Mitterrand et Jacques Delors, qui ont porté haut les ambitions de l’Europe. Il a parlé d’une Europe solidaire, mais aussi d’une Europe différenciée où tout le monde n’avance pas à la même vitesse.

Il veut s’appuyer sur les mécanismes de coopération renforcée pour sortir de l’immobilisme. Il veut relever le défi de la croissance et de l’emploi. Pour François Hollande, « faire avancer l’Europe, c’est faire avancer la démocratie ». Certains députés regrettent que François Hollande n’ait pas parlé de l’Allemagne.

« Le moteur européen est en panne », disent-ils, alors que les socialistes européens s'en réjouissent.

« En huit mois, François Hollande a imposé son leadership face à la chancelière allemande Angela Merkel. Madame Merkel ne serait plus le commandant en chef comme au temps du couple Merkozy », affirment-ils. Affaire à suivre.

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