Le prénom et le nom du probable futur président de l’Eurogroupe comporte deux diphtongues spécifiques à la langue néerlandaise, c’est-à-dire le OE qui se dit « ou » et le IJ (autrefois Y) qui se prononce « hey ». Donc il s’appelle Jeroen Dijsselbloem, et en dialecte du Brabant-Septentrional dont il est originaire cela signifie « Fleur de chardon ».
Soit dit en passant, les gouvernements néerlandais successifs paraissent prendre un malin plaisir à propulser sur la scène internationale des personnages choisis pour la complexité de la prononciation de leur nom. On se souvient ainsi du coordonnateur antiterroriste européen, Gijs de Vries, ou du secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer. La série continue.
Une personnalité peu connue
Jusqu’à relativement récemment, même à l’échelle des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem était à peu près inconnu du plus grand nombre dans le sérail politique où l’on couvre de louanges ses qualités de négociateurs. Il apparaissait toujours comme un membre de groupe ou d’un comité, jamais comme une forte individualité. Pourtant à bientôt 47 ans, notre homme totalise déjà plus de 20 ans en politique.
Ingénieur agronome de formation initiale, il est ensuite allé en Irlande suivre un troisième cycle de gestion des entreprises. C’est à ce jour le seul lien qui le rapproche des questions économiques. Car la carrière de Jeroen Dijsselbloem l’a surtout conduit aux affaires d’immigration et d’intégration. Il aura connu par deux fois une célébrité passagère d’abord en réclamant l’interdiction des jeux vidéo violents, ensuite en parcourant le pays en campagne électorale avec deux de ses camarades, vêtus de combinaisons écarlates, se faisant appelés les « Ingénieurs rouges ». Ils se proposaient de reconstruire la société néerlandaise selon des critères rationnels.
Jeroen Dijsselbloem est l’actuel ministre des Finances des Pays-Bas. C’est son premier poste ministériel. Mais il l’a depuis à peine deux mois et son accession à un poste de premier plan marque aussi le retour des socio-démocrates sur le devant de la scène européenne. Dans le milieu compassé des grands argentiers internationaux, son maintien rigide, son air sévère, feront assurément merveille. Sa chevelure bouclée perpétuellement en bataille, peut-être beaucoup moins.
Une présidence du Benelux
Le choix d’un Néerlandais est au fond, un choix par défaut ou par élimination. Pas question de prendre un ressortissant d’un pays hors de la zone euro, c’est l’évidence. Mieux vaut éviter le représentant d’un grand pays puisque l’on cumule les fonctions de ministre des Finances avec celles de président de l’Eurogroupe, et cela fait beaucoup de travail. Et à tout prendre, autant prendre quelqu’un qui vient de l’un des six pays fondateurs de l’UE. Conclusion : ce ne peut être qu’un Bénéluxien. Et après le Luxembourgeois Junker, c’est le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, en attendant sans doute un Belge la prochaine fois.
Seul candidat
Pour ce poste, il y avait peu de candidatures officieuses et aucune officielle. Longtemps, le ministre fédéral allemand des Finances Wolfgang Schäuble et son homologue français Pierre Moscovici ont joué au « Tu y vas, sinon j’y vais », mais aucun consensus n’a été trouvé sur l’un ou l’autre.