Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Si le procès de Dmitri Pavlioutchenkov se tient à part des cinq autres prévenus, c’est que l’ancien lieutenant-colonel de police a passé un accord avec le parquet. Cet arrangement lui garantit l’octroi du statut de témoin privilégié et l’assurance d’une réduction sensible de sa peine.
Mais la famille de la journaliste assassinée estime que cela lui évitera surtout la confrontation avec les autres protagonistes, lui permettant de garder secret le nom du vrai commanditaire. C’est pourquoi elle va demander l’annulation de l’arrangement. Anna Stavitskaïa, l’avocate des enfants d’Anna Politkovskaïa explique : « Nous supposons que Pavlioutchenkov, vu le rôle qu'il a joué, devrait connaître le nom du vrai commanditaire et devrait le nommer, au lieu de désigner, comme il l'a fait, Berezovski. C'est bien connu, Berezovski est présenté comme le responsable de tout ce qui se produit dans la Fédération de Russie ».
L'oligarque exilé à Londres n'est pas le commanditaire du meurtre d'Anna Politkovskaïa ; le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov, lui aussi, en est persuadé : « On comprend que lorsque l'enquête freine l'identification du commanditaire, c'est que celui-ci fait partie des personnes les plus intouchables de la Fédération de Russie ».
Cinq autres prévenus, dont l'assassin présumé seront jugés ensemble dans quelques mois.