Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Les images d’une extrême violence, filmées sur un téléphone portable sont apparues d’abord sur Internet avant d’être diffusées dans la journée à la télévision. On y voit plusieurs gardiens s’acharner sur un prisonnier menotté. Les hommes en tenue de camouflage bleue assènent des gifles, des coups de poings, et des coups de pieds au prisonnier qui hurle de douleur.
Sur l’enregistrement, on entend distinctement l’un des gardiens ordonner de fermer un vasistas, sans doute pour éviter que les cris ne soient entendus à l’extérieur. Vers la fin du film, le prisonnier a le pantalon baissé et l’un des gardiens lui enfonce un bonnet dans la bouche.
Après la diffusion de la vidéo, les autorités judiciaires se sont immédiatement saisies de l’affaire et ont arrêté d’abord trois gardiens, puis deux autres anciens employés de la prison. Les services pénitentiaires ont reconnu qu’il y avait eu une « violation significative des droits des détenus ». Une enquête a été ouverte. Les suspects risquent jusqu’à 10 ans de réclusion.
Les abus dans les prisons ou les commissariats ne sont pas rares en Russie. Le médiateur des droits de l’homme, Vladimir Loukine, parle même de « routine ». Le week-end dernier, dans l’Oural, quelque 200 prisonniers se sont mutinés pour tenter d’attirer l’attention sur les tortures et extorsions dont ils se disent victimes.