Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Konstantin Lebedev sort de la salle du tribunal, encadré par des hommes des forces spéciales, sous les applaudissements de ses proches. La justice soupçonne le militant de gauche d’avoir préparé des troubles massifs, des charges qu’il nie et que son avocate Violetta Volkova juge absurdes. « La contestation, ça n'est pas un crime, l'opposition, ça n'est pas un crime, mais le pouvoir tente de nous montrer que les citoyens qui sont dans l'opposition sont tous des criminels, affirme-t-elle. Si on va par là, on pourrait avoir la moitié du pays derrière les barreaux pour des discussions à la cuisine. C'est à peu près ce qui leur est reproché. »
A l’origine de l’enquête, un film diffusé par une chaîne de télévision proche du pouvoir qui affirme sur la foi d'images prises en caméra cachée que des opposants, parmi lesquels le chef du Front de gauche Sergueï Oudaltsov, préparaient un coup d’Etat, avec l'aide d'un parlementaire géorgien.
Le député Ilia Ponomarev, proche de l'opposant, dénonce une accusation fabriquée de toutes pièces. « Je pense que ça n'est même pas un montage, mais une mise en scène avec une personne qui ressemble à Oudaltsov. Cette enquête a un caractère purement propagandiste. On nous propose un nouveau thème avec "Oudaltsov, l'espion géorgien"», assure Ilia Ponomarev.
Interrogé en qualité de suspect, Sergueï Oudaltsov a lui été laissé en liberté sous contrôle judiciaire, mais il s'attend à être inculpé à tout moment.