Zone euro: nouveau répit pour Athènes

Après plusieurs heures de négociations, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) ont conclu, dans la nuit de lundi à mardi 27 novembre 2012, un accord sur la réduction de la dette grecque. Un accord qui ouvre également la voie au déblocage de l’aide financière, attendue depuis l’été par le gouvernement grec.

L'objectif était de trouver un compromis sur la réduction de la dette de la Grèce, qui menace d’atteindre 190% en 2014. Le FMI réclamait une forte réduction de cette dette, alors que l'Union européenne, et notamment la chancelière allemande Angela Merkel, s'opposait à un effacement coûteux pour les Européens. Le compromis qui a été trouvé par l’Eurogroupe prévoit de ramener le niveau de la dette à 124% du PIB d'ici 2020, soit un allègement de 40 milliards d'euros, cela afin de garantir un niveau de dette soutenable pour Athènes.

« Le FMI voulait s'assurer que la zone euro prendrait les mesures nécessaires pour remettre la Grèce sur la voie d'une dette viable. Je peux dire aujourd'hui que cela a été fait », s'est félicitée la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, à Bruxelles. Même constat pour le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, qui a estimé que l’accord est « un retour de la confiance envers la Grèce et l’Europe ». Depuis Athènes, le Premier ministre grec s’est également félicité du résultat. « Une nouvelle journée commence pour tous les Grecs », a déclaré Antonis Samaras.

Des conditions d’emprunt assouplies

Athènes, au bord de la faillite, attendait avec impatience la conclusion de cet accord, qui est un préalable au déblocage des tranches des prêts retardés depuis des mois. Les ministres de l’Eurogroupe ont décidé de débourser un total de 43,7 milliards d’euros bloqués depuis l’été. Une première tranche de 34,4 milliards devrait être versée dès la semaine prochaine à Athènes, puis 10 autres milliards seront débloqués en trois fois au premier trimestre 2013. Une aide qui va permettre à Athènes de faire face à ses échéances et de lui éviter un défaut de paiement.

Les ministres de l’Eurogroupe ont également planché sur un paquet de mesures fort complexes, qui, globalement, vont permettre d’assouplir les conditions d’emprunt de la Grèce. Parmi elles figure une réduction significative des taux d'intérêt des prêts bilatéraux, déjà consentis à Athènes. Sont prévus également un allongement de quinze ans de la durée de remboursement de ces prêts bilatéraux et un report de dix ans pour le paiement des intérêts de ces prêts.

« Un pays virtuellement en faillite »

Enfin, les gains réalisés par les banques centrales nationales et la BCE sur les obligations grecques qu'elles détiennent, seront rétrocédés au pays sur un compte bloqué. « Il aurait été tout à fait illogique que les banques centrales et la BCE réalisent des bénéfices avec les prêts octroyés à la Grèce, explique l’économiste Bruno Colmant. Dans tout ce processus de rachat de la dette, on va faire en sorte que les banques centrales ne puissent pas spéculer sur la Grèce, à qui elles ont apporté leur aide ».

Mais pour l’économiste Bruno Colmant, ancien président de la Bourse de Bruxelles, ces mesures sont loin d’être suffisantes : « Ce sont des mesures temporaires, des pansements sur des jambes de bois. Un pays qui, après tant d’efforts, gardera une dette publique de 120% à l’horizon 2020 est un pays qui est virtuellement en faillite. Donc il y a un problème de cohérence du maintien de la Grèce dans la zone euro, mais politiquement c’est difficile à faire passer. On essaie de reporter le moment, d’où ce type de mesures éphémères ».

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