France : la militante basque française Aurore Martin arrêtée puis remise à l’Espagne

La militante basque française Aurore Martin a été remise dans la soirée du jeudi 1er novembre aux autorités espagnoles. Interpellée dans l'après-midi à Mauléon, dans les Pyrénées-Atlantiques, elle a été ensuite extradée vers l'Espagne, où elle a été placée en détention provisoire. La justice espagnole l'accuse de « délit d'appartenance à une organisation terroriste ». L'extradition de cette jeune femme de 33 ans a suscitée des vives réactions en France.

Dans les Pyrénées-Atlantique c'est la stupéfaction. Elus de gauche comme de droite se disent choqués par cette extradition. En effet, ce serait la première fois qu'un ressortissant français est remis à l'Espagne pour des faits liés aux affaires basques.

La décision est d'autant plus incompréhensible qu'Aurore Martin est une militante inoffensive, souligne Jean Chalvidant, auteur de plusieurs ouvrages sur la question basque : « Ce n’est pas une militante très importante dans le séparatisme basque. Ce n’est même pas une dirigeante. Elle a milité dans le parti Batasuna qui est interdit en Espagne, mais qui est parfaitement autorisé en France. C’est assez curieux qu’on s’acharne autant sur un personnage qui n’a absolument rien à voir avec le terrorisme proprement dit. C’est-à-dire qu’elle n’est pas membre d’ETA, elle n’a tué personne. »

Aurore Martin était visée depuis juillet 2009 par un mandat d'arrêt européen émis par un magistrat madrilène et renouvelé en octobre 2010 pour « faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme ». On lui reproche d’avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre du parti Batasuna, qui est interdit depuis 2003 en Espagne où il est considéré comme une organisation terroriste, en tant que vitrine politique du groupe séparatiste basque ETA.

La jeune femme avait épuisé toutes les voies légales de contestation de ce mandat validé par la cour d'appel de Pau le 23 novembre 2010.

Perturber le processus de paix

Pour Jean Chalvidant, cette extradition est une absurdité totale, alors que le Pays basque se trouve en plein processus de paix, enclenché par la déclaration de l'ETA en octobre 2011 de renoncer à la violence : « C’est un mauvais exemple qui risque d’enflammer les esprits. En ce moment, on a plutôt besoin de calme au Pays basque. On a besoin de parler, maintenant que l’ETA est en voie de disparition ! Il faut se réunir, il faut tout faire pour se comprendre et ce genre de comportement risque de tout flanquer par terre. »

Une partie de la gauche française réclame des explications du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls.

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