Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Un enlèvement en plein cœur de Kiev, en Ukraine, de longues heures en camionnette, masque sur la tête, mains et jambes entravés, une détention dans une cave, sans boire, sans manger pendant deux jours, puis un transfert au Comité d’enquête à Moscou. Tel est le récit livré par Léonid Razvozjaev aux cinq membres du Comité de surveillance des prisons, parmi lesquels la journaliste Zoya Svetova.
« C’étaient des tortures psychologiques, explique cette dernière. On lui disait qu'on pouvait tuer sa femme et ses enfants. En plus de ça, on l'a menacé de lui faire une piqûre avec un sérum de vérité et on lui a dit qu'après cette piqûre, il deviendrait idiot. »
L'opposant affirme avoir craqué sous la pression. Il écrit alors une reconnaissance de culpabilité, dans laquelle il reconnaît des faits qu'il n'a en réalité pas commis, précise-t-il. Pour le défenseur des droits de l’homme Valeri Bortchtchev, c’est ni plus ni moins qu’un retour aux heures sombres de l'Union soviétique.
« Nous revenons à un système bien défini de persécutions envers des gens qui pensent différemment, en vigueur dans les années 1930 et 1940, condamne le militant. On utilise à nouveau les méthodes staliniennes. C'est un signal très inquiétant. »
Le Kremlin refuse de commenter l'affaire. De son côté, le Comité d'enquête affirme n’avoir reçu aucune déposition officielle de la part de l'opposant concernant des tortures ou un enlèvement.