Après deux ans et demi de crise en zone euro, et avant un mois de septembre qui s’annonce décisif pour la Grèce, les rencontres diplomatiques s’enchaînent cette semaine entre les responsables européens. Au cœur des discussions : le dossier grec et l’éventuel sursis demandé par le gouvernement de coalition pour rééquilibrer les comptes publics.
Le Premier ministre grec Antonis Samaras estime que deux ans supplémentaires sont nécessaires pour réaliser les réformes structurelles et les coupes budgétaires imposées par le plan d’aide, repoussant l’échéance à 2016 au lieu de 2014.
En effet, le gouvernement a pris du retard sur ces mesures d’austérité, du fait des deux scrutins législatifs du printemps. L’absence de consensus au sein de la classe politique grecque a également freiné la mise en œuvre des réformes.
« Le plan d’austérité était trop dur »
La Grèce pâtit surtout d’une situation économique plus dure que prévue. Au moment de l’adoption du second plan d’austérité, en février dernier, Athènes et ses partenaires misaient sur un déficit à 5,4% du PIB en 2012. Il devrait en réalité atteindre les 7% cette année, tandis que la récession se poursuit.
« Depuis le début, les observateurs sérieux se sont rendu compte que le plan d’austérité était trop dur, souligne Bruno Colmant, économiste, membre de l’Académie royale de Belgique. Même s’il avait été respecté, la dette publique équivaudrait tout de même à 120% du PIB à l’horizon 2020. C’est insoutenable. »
La démarche grecque était donc prévisible, d’autant plus que les partis de gauche font pression pour étaler les mesures d’austérité dans le temps afin d’atténuer leurs effets. Les socialistes du Pasok et de la Gauche démocratique sont hostiles aux coupes budgétaires drastiques.
La Grèce doit pourtant prouver à la troïka, c'est-à-dire à ses trois principaux créanciers (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Union européenne), qu’elle est prête à tenir ses engagements. Fin août, le gouvernement Samaras leur présentera un nouveau programme de mesures d’austérité de 11,6 milliards d’euros pour les années 2013 et 2014. Ces efforts budgétaires conditionnent le déblocage de la deuxième tranche du plan d’aide, soit 31,5 milliards d’euros.
Une sortie de l’euro « gérable mais coûteuse »
Si cette aide n’était pas versée à la Grèce, le pays pourrait se retrouver en situation de défaut de paiement et risquerait alors une sortie de la zone euro. Une issue « gérable mais coûteuse », estime Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE. Pour le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, un tel scénario plongerait la Grèce dans « une pauvreté inédite ».
Une option néanmoins envisageable désormais. « Le système bancaire est aujourd’hui préparé à une sortie de la Grèce de la zone euro, affirme Bruno Colmant. Ce risque a été intégré dans les scénarios des banques et des états-majors des grandes entreprises. »
La chancelière Angela Merkel s'est déclarée opposée à un aménagement du plan d'austérité. On attend plus de souplesse du côté de François Hollande. Le président français et la chancelière allemande vont se rencontrer ce jeudi soir pour accorder leurs positions. La décision devra de toute façon attendre l'audit des émissaires de la troïka, qui rendront un rapport sur l’avancée des réformes grecques à la mi-septembre.