Avec nos correspondantes, Martine Pouchard et Diane Cambon
Les mineurs sont enfin à Madrid. La marche fut longue, épuisante pour certains qui n’avaient pas l’entraînement mais peu importe : ils sont toujours aussi déterminés à défendre cette industrie du charbon. Ils sont partis du nord de la péninsule il y a vingt jours, et ont parcouru 400 kilomètres pour s’opposer aux coupes budgétaires.
« Nous sommes surpris car nous pensions qu’une fois sortis de nos bassins miniers, personne n’allait nous soutenir, explique Miguel. Or la plupart des Espagnols s’identifie à notre forme de combat. »
Hier soir, ils sont entrés dans Madrid, munis de leur lampe frontale et de leur casque, sous les « vivas » de la foule, venue nombreuse pour les soutenir dans leur lutte.
Pour Juan et Antonio, ce combat qu’ils mènent depuis plusieurs mois a pour but de survivre et de garder leur emploi : « C’est une lutte pour simplement pouvoir travailler. S’ils ne nous donnent pas ce que l’on demande, on continuera à se mobiliser jusqu’à l’obtenir, nous n’avons rien d’autre. Si je perds mon travail, je perds tout ce que j’ai. »
Pour le maintien des aides européennes
Ce mercredi, les mineurs sont attendus dans les rues de la capitale pour une manifestation jusqu’au ministère de l’Industrie où ils devraient être reçus pour négocier. Une journée décisive. Le plan charbon 2013-2018 prévoit de supprimer l’aide jusqu’alors accordée au secteur, dont la production a baissé de 67% depuis les années 1990. Depuis cette date, 24 milliards d’euros ont été injectés pour aider à la fermeture définitive des mines de charbon.
La manifestation d’aujourd’hui exige le maintien des 190 millions d’euros, versés par Bruxelles, comme subvention au secteur du charbon pour 2012. Mais le gouvernement, qui cherche à faire des économies à tout prix, refuse de revenir sur sa décision, et a expliqué que tout les secteurs de la société allait être touché par l’austérité.
Or, la suppression des aides dans le charbon revient à signer l’arrêt de mort de la mine en Espagne, avec la destruction de 8 000 emplois directs. Pour les mineurs qui sont à l’origine des grands mouvements de rébellion dans l’histoire du pays, le combat se poursuivra jusqu’à obtenir gain de cause. Et dans leur lutte, ils pourraient bien entraîner d’autres révoltes contre les nouvelles coupes budgétaires dans le secteur public qui doivent être annoncées aujourd’hui par l’exécutif conservateur.