Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Les exemples sont malheureusement nombreux de ces tentatives de résolution pacifique et démocratique de la question kurde, brutalement interrompues, voire complètement avortées, suite à de violents affrontements ou des attaques meurtrières contre des positions de l’armée turque, à la frontière irakienne. Comme si les militaires turcs n’étaient pas prêts à de telles provocations, comme si les rebelles kurdes eux-mêmes ne voulaient pas laisser la place à un règlement concerté de ce problème qui, depuis près de 30 ans, continue d’empoisonner la vie politique du pays.
Depuis près d’un mois pourtant, l’AKP, le Parti de la justice et du développement, parti islamo-conservateur au pouvoir, et le principal parti d’opposition, le CHP, le Parti républicain du peuple, social-démocrate, s’étaient mis d’accord sur une feuille de route commune pour, une nouvelle fois, tenter de trouver une solution durable au problème kurde. De nombreux intellectuels et artistes avaient soutenu cette initiative, des sages choisis parmi les témoins et interlocuteurs de cette tragédie avaient été désignés pour apporter leur contribution à cette solution.
Mais, sans encore présager des conséquences que pourra avoir l’attaque de ce mardi matin sur ce processus, il semble presque certain que les armes ont une nouvelle fois fait taire le travail des législateurs. Le parti pro-kurde BDP (le Parti pour une société démocratique) a appelé à la cessation des activités militaires des deux côtés, l’opposition social-démocrate également. Quant au gouvernement, de son côté, il reste silencieux.