De notre correspondant à Oslo, Grégory Tervel
Anders Behring Breivik est un cas psychiatrique hors du commun : voilà la seule conclusion que tous les psychiatres de Norvège pourraient signer.
Les deux experts qui ont examiné l’accusé à l’automne l’ont déclaré psychotique et souffrant de schizophrénie paranoïde. Les deux psychiatres qui ont réalisé la contre-expertise au printemps réfutent ce diagnostic et parlent seulement de troubles de la personnalité, mais la commission médico-légale n’a toujours pas réussi à dire si elle validait cette contre-expertise, malgré les demandes répétées de la Cour.
Un éminent psychiatre est venu apporter ce vendredi 8 juin à la barre une troisième version : Breivik serait atteint à la fois du syndrome d’Asperger (une forme d’autisme), du syndrome de Gilles de La Tourette, d’un trouble narcissique de la personnalité et peut-être d’une psychose paranoïde.
Ses explications ont tellement intéressé les juges qu’elles ont occupé toute la journée. Mais quelle portée faut-il accorder à ce témoin qui n’a jamais parlé à Breivik et qui n’a eu accès qu’à peu d’informations comparé aux quatre experts désignés par la justice ?
La confusion est maintenant totale. Breivik espérait que son procès serait celui de l’extrémisme politique. Il n’en est rien : son procès est celui de la psychiatrie.