Procès Breivik : des experts qualifient le terroriste de «fasciste»

Au procès d'Anders Behring Breivik, à Oslo, la cour a entendu, jeudi 31 mai, les premiers témoignages concernant l'idéologie du terroriste norvégien. Deux historiens et un journaliste se sont succédé à la barre pour décortiquer la pensée politique de l'accusé. Deux d'entre eux l'ont qualifié de « fasciste ». En toile de fond se trouve toujours la question de la responsabilité pénale de Breivik, une question qui divise les psychiatres et qui est le principal enjeu du procès.

Avec notre correspondant à Oslo, Grégory Tervel

Terje Emberland est chercheur et historien des religions au Centre de l'holocauste à Oslo. Devant la cour, il a expliqué que la vision d'Anders Behring Breivik, celle d'une Europe en décadence culturelle qui ne pourra s'en sortir que par une guerre civile et l'établissement d'un ordre national nouveau, s'inscrit parfaitement dans la définition communément admise du fascisme. Il en a profité pour critiquer la première expertise psychiatrique qui avait conclu que l'accusé souffrait de psychose. Selon lui, les deux experts n'ont pas suffisamment pris en compte la pensée politique de Breivik.

« L'idée selon laquelle il faut des territoires réservés aux personnes d'origine nordique pour sauvegarder la race nordique, ou "la population indigène de la Norvège" comme Breivik l'appelle, c'est exactement la même chose que ce que les SS ont fait avec leur idéologie raciale, a ainsi expliqué Terje Emberland. Ici, en Norvège, pendant l'occupation nazie, nous avions plus d'institutions du Lebensborn[association créée et gérée par les SS afin d'accroître le nombre d'enfants «aryens», NDLR] que dans n'importe quel autre pays, parce que les SS pensaient que la race nordique était très pure en Norvège. Donc ce genre d'idées ne démontre pas forcément des signes de psychose, ce sont des idées qu'on a déjà vues dans l'Histoire, des idées réfléchies, de l'idéologie. C'est de la folie oui, mais de la folie politique, peut-être plus que de la folie au sens psychiatrique ».

La première expertise psychiatrique semble de plus en plus affaiblie au fil des témoignages, mais il est encore trop tôt pour en déduire que Breivik sera jugé responsable de ses actes.

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