L’Allemagne arrive à maturité
Finaliste de l’Euro-2008 et demi-finaliste de la dernière Coupe du monde, l’équipe d’Allemagne – toujours drivée par le tacticien et psychologue hors-pair Joachim Löw – semble arrivée à maturité. Composée pour bonne part par des joueurs du Bayern Munich, finalistes malheureux de la dernière Ligue des champions, ils se posent en rivaux sérieux des Espagnols, leurs vainqueurs de 2008 en finale à Vienne
Habituée à semer la terreur dans les phases éliminatoires, la Mannschaft cuvée 2012 n’a pas dérogé à la règle et réalisé un sans faute dans le groupe A, remportant chacun de ses dix matchs avec une différence de buts qui laisse songeur : 34 pour, 7 contre, un parcours jalonné de quelques succès retentissants, comme le 3-1 chez les Turcs à Istanbul ou le 6-2 face aux Autrichiens à Gelsenkirchen. Par rapport au Mondial 2010, le groupe est demeuré le même et a encore gagné en expérience, notamment Sami Kedhira (25 ans) et Mesut Özil (24 ans) qui font désormais les beaux jours du Real Madrid.
Sur le papier, cette équipe d’Allemagne en impose donc, même si ses matchs de préparation ont été décevants, on pense notamment à la défaite à domicile 1-2 face à la France à Brême au mois de mars. Il apparaît aussi que la charnière centrale Badstuber-Mertesacker ne donne pas tous les gages de sécurité derrière.
En revanche l’âge de l’inamovible Milosav Klose (34 ans) n’est toujours pas un souci, au vu de sa saison avec la Lazio Rome et dans la mesure où ce sont de vraies pointures qui peuvent le suppléer devant : Lukas Podolski et Mario Gomez qui ont déjà inscrit respectivement 43 et 21 buts en sélection. Seul vrai point noir mais de taille : les Allemands sont tombés dans le groupe de la mort (Pays-Bas, Portugal, Danemark).
Les Pays-Bas ont une revanche à prendre
Tout comme les Allemands – qu’ils trouveront donc face à eux le 13 juin à Kharkov lors d’une 2e journée explosive dans le groupe B – les Néerlandais vont débarquer en Ukraine avec l’assurance d’une équipe très expérimentée. Passés tout près d’être sacrés champions du monde en 2010 à Johannesburg, les hommes de Bert Van Maarwijk savent que, pour une bonne partie d’entre eux qui approchent ou ont dépassé la trentaine, cet Euro-2012 représente la dernière occasion de remporter un trophée avec la sélection.
Souvent placée mais jamais sacrée depuis le titre européen de 1988 conquis par la génération Gulitt-Rijkaard-Van Basten, la sélection Oranje apparaît sans faiblesse comme le démontre son quasi-sans-faute en éliminatoires : neuf victoires pour une seule défaite (face à la Suède alors que tout était déjà joué) et avec une différence de buts encore plus impressionnante que celle des Allemands : 38 marqués pour seulement 7 encaissés.
A l’exception du latéral gauche Giovanni van Bronckhorst qui a tiré sa révérence au soir de la finale perdue (1-0 a.p.) il y a deux ans à Johannesburg et dont le poste est désormais occupé par le joueur du PSV Eindhoven Erik Pieters, c’est rigoureusement la même équipe que celle du Mondial -2010 qui, sauf blessures, foulera les pelouses ukrainiennes à partir du 9 juin. Auteur de la meilleure saison de sa carrière avec Arsenal, l’attaquant Robin Van Persie (30 buts en Premiere League en 2011-2012) sera le fer de lance de la sélection, épaulé par Arjen Robben, le maudit des finales, Wesley Sneijder, moins en vue cette saison avec l’Inter et Dirk Kuyt, le forçat de Liverpool.
L’Italie veut réussir sa mue
Contrairement à l’Allemagne et aux Pays-Bas, qui arrivent à l’Euro avec du bagage et des certitudes, l’Italie est en plein doute après une défaite 3-0, en préparation, face à la Russie. A l’instar de la France, elle a manqué son Euro-2008 et sa Coupe du monde 2010, terminant, comme les Bleus, dernière de son groupe avec aucune victoire au compteur en Afrique du Sud. Depuis, la Squadra azzura a été prise en main par Cesare Prandelli, coach charismatique qui avait fait de la Fiorentina l’une des équipes de Serie A les plus agréables à voir jouer avant de prendre en main la sélection.
Avec une équipe très largement remaniée autour des vétérans Gianluigi Buffon, Andrea Pirlo et Thiago Motta, Prandelli a traversé les qualifications sans trop de difficulté, alignant huit victoires et deux nuls pour aucune défaite avec 20 buts marqués pour seulement 2 encaissés, soit la défense la plus intraitable de toutes les qualifications.
Bien qu’en plein renouveau, cette squadra n’en est pas moins expérimentée avec des joueurs comme les défenseurs centraux de la Juve Andrea Barzagli et Giorgio Chiellini et le milieu Daniele De Rossi. Devant, Prandelli comptera sur la folie du joueur de l'AC Milan, Antonio Cassano, et la percussion du Mancunien Mario Balotelli pour l’efficacité d’une équipe qui s’est juré de présenter un football offensif pour aller loin dans la compétition.
Les Italiens seront vite fixés sur leur niveau avec un premier match face à l’Espagne dès le 10 juin pour une entrée en scène qui pourrait donner le ton de la compétition. En cas de faux pas face aux tenants du titre, les Azzuri joueront leur qualification face à la Croatie puis face à l’Eire, deux équipes à leur portée avant, peut-être, de retrouver la France en quarts.
Reste que la sérénité n’est plus tout à fait de mise dans les rangs des Transalpins car ils ont vu leur préparation bousculée à la fois par le tremblement de terre d’Emilie Romagne (match de préparation annulé face au Luxembourg) et par le scandale des paris clandestins qui a provoqué l’éviction de Leonardo Bonucci et de Domenico Criscito de la sélection alors que le nom de Gianluigi Buffon lui-même était cité.
Prandelli a même déclaré vendredi 1er juin qu’il était prêt à retirer son équipe de la compétition face au scandale. Evidemment, tous les tifosi se refusaient à y croire, préférant se souvenir que certains des plus beaux succès de la squadra ont été réalisés après le scandale du Totonero en 1982 et celui du Calciopoli en 2006, deux années lors desquelles les Azzuri devinrent champions du monde. Un entousiasme que ne va même pas doucher le 3 à 0 infligé par les Russes le vendredi 1er juin en match amical à Zurich.