Jusqu’à maintenant, on parlait de l’austérité budgétaire comme du seul remède contre la crise en Europe, mais depuis quelque temps on met en avant la relance de la croissance comme une solution indispensable. Que s’est-il passé ? On s’est rendu compte que l’austérité seule n’a toujours pas donné de résultats satisfaisants; la Grèce et l’Espagne par exemple subissent une récession de leur économie tandis que la plupart des autres pays de la zone euro connaissent une croissance presque nulle au premier trimestre.
Au début de sa campagne électorale, François Hollande était isolé quand il affirmait que l’austérité budgétaire ne pouvait être une solution à la crise si elle n’était pas accompagnée d’une relance de la croissance. Mais depuis, il a reçu le soutien de plusieurs dirigeants européens. Ce qui a changé la donne, c’est la Banque centrale européenne. « Elle s’est aperçue que les 1 000 milliards d’euros injectés dans le circuit bancaire cette année n’ont pas suffit à créer de la croissance via les prêts pour les entreprises, Les banques ont utilisé cette argent pour leurs capitalisation et continuer à survivre » relève Pascal de Lima, économiste et enseignant à Sciences Po.
Deux visions s’affrontent
C’est sur les moyens de relance de cette croissance que les Européens divergent. Il y a d'un côté ceux qui soutiennent une relance de la croissance par l'investissement. C'est l'axe que défend le président français François Hollande. Tout en s’engageant à redresser les finances publiques du pays, il devrait surtout proposer ce soir un renforcement des capitaux de la Banque européenne d'investissement et la mise en place d’euro-projets.
Ce sont des obligations communes émises par l'Union européenne et destinées à financer de grands travaux d'infrastructure, des projets industriels, écologiques, numériques etc. En d’autres termes relancer l’économie par de nouveaux emprunts mais au niveau européen.
Et puis il y a l’Allemagne. Elle n’est pas d’accord car elle pense que cette voie va créer de la dette supplémentaire. Berlin soutient la relance par les réformes structurelles. Par exemple, rendre le marché de l’emploi plus flexible et baisser le coût du travail des entreprises en réduisant les charges. Une stratégie qui vise à accroître la compétitivité des entreprises.
Un compromis est possible
Ce soir, il pourrait avoir des avancées concrètes sur le renforcement des moyens de la Banque européenne d’investissement qui doit garantir les prêts privés pour le financement de grands projets d’infrastructures. L’Allemagne n’y est pas opposée sur le principe. François Hollande pourrait également arracher l’accord de principe de la chancelière allemande sur les « euro-projets ».
En revanche, il n’existe pas d’accord sur les euro-obligations, obligations publiques émises dans la zone euro et garanties par l’ensemble des États membres de cette zone. Berlin y est fermement opposé. Les dirigeants européens vont néanmoins en parler. Les Européens devraient en tout cas tomber d'accord pour dire, que croissance et consolidation budgétaire doivent aller de pair.
Une façon de réconcilier les points de vue de M. Hollande, qui veut assortir le traité budgétaire européen d'un volet croissance et de la chancelière allemande Angela Merkel, qui prône la rigueur budgétaire. Les discussions devraient aussi porter ce mercredi soir sur d'autres initiatives de relance comme une utilisation plus efficace de fonds structurels européens en faveur des PME, ou encore l'instauration d'une taxe sur les transactions financières. La Grèce sera l'autre gros morceau de la réunion. Mais peu d'initiatives semblent possibles au niveau européen avant les élections législatives du 17 juin.